L’auteur clarifie les choses dès la couverture : cet album s’adresse plus aux fans de Godard qu’aux amateurs de Monsieur Jean. D’ailleurs, Philippe Dupuy a tout prévu : il balaie en cours de récit commentaires, critiques et points de vue sur son propre travail.
Le propos quant à lui n’a rien de biographique : les références fourmillent, les citations, les images de "vieux sage" cigare au bec... On navigue davantage dans un exercice d’admiration inconditionnelle que dans une analyse artistique. Et point d’allusions ici aux propos provocateurs de Godard en matière de cinéma ou de politique internationale.
La forme s’émancipe aussi des codes : liberté totale pour les planches, qui parfois suivent un dialogue (fictif) entre Dupuy et le cinéaste, puis alignent une longue série d’images muettes. Et toujours, en cours de lecture, le regard décalé de l’auteur sur son propre travail, autocritique douce-amère de sa réception par les lecteurs (et les critiques ?).
Sérieux jusque au bout dans sa démarche, Dupuy n’oublie pas de mentionner les références en fin d’album -une bonne vingtaine de films- qui vont du cinéma aux peintres.
Semi-expérimental, intrigant, totalement libre, le propos revendique son émancipation des codes et sa libération de productions plus consensuelles. Mais rien dans ces pages qui puisse faire venir à Godard les cinéphiles récalcitrants. Réservé aux inconditionnels.
(par David TAUGIS)
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