Le Procès de Jean Grey est un crossover de 2014 où Brian M. Bendis fait se rencontrer deux équipes de super-héros qu’il dirige à l’époque : les All-New X-Men [1] et les Gardiens de la Galaxie.
L’intrigue repose essentiellement sur l’héritage de l’histoire mutante : la jeune Jean Grey représente la menace d’un hypothétique retour du Phénix noir [2] pour les empires cosmiques, qui ne souhaitent pas son retour. Les plus concernés, les Shi’ars, décident de traiter le mal à la racine et de faire disparaître la jeune mutante... sous couvert d’un procès en bonne et due forme pour conserver les apparences face à la galaxie !
Les All-New X-Men veulent sauver leur amie, les Gardiens de la Galaxie veulent protéger la Terre et ses habitants... il n’en fallait pas moins pour qu’une collaboration s’installe entre les deux équipes !
Comme à son habitude, Brian M. Bendis raconte une intrigue simple qui met un temps certain à être résolue. Le hic, c’est que le crossover se transforme davantage en réunion de famille plutôt qu’en récit plein de rebondissements ! En effet, à la lecture du synopsis, il est très probable que vous ayez déjà deviné de quelle manière l’intrigue se termine... On fait difficilement plus basique...
À défaut d’une intrigue qui réserve des surprises (allez, deux tout au plus, dont une sortie de nulle part concernant Scott), Brian M. Bendis appuie particulièrement le développement des relations entre ses personnages, ainsi que les interactions nouvelles entre les deux équipes. À ce petit jeu, on retiendra principalement le jeu d’attrait/répulsion permanent entre les jeunes Jean et Scott (difficile à leur âge de se lancer dans une relation amoureuse quand son histoire belle mais chaotique est déjà écrite) et la romance naissante entre Kitty Pryde et Star-Lord (préparez vos mouchoirs, fans des X-Men, le scénariste va mettre un sérieux coup de canif dans l’espoir de revoir à court terme Kitty et Colossus ensembles).
Malheureusement, le crossover nous donne l’impression que les deux équipes évoluent l’une à côté de l’autre plutôt qu’ensemble. Les deux parties se lancent de joyeuses piques histoire d’interagir, mais rares sont les membres à développer un lien qui ne nous apparaît pas comme artificiel. Dommage...
Le meilleur atout de cet album est peut-être sa réalisation, les artistes Sara Pichelli et Stuart Immonen proposant des planches on ne peut plus sublimes. C’est un réel plaisir de parcourir celles-ci et de voir cette galerie de personnages aussi bien mise en valeur !
Le Procès de Jean Grey est un album qui nous a laissé relativement indifférent ; ni fondamentalement bon, ni fondamentalement mauvais. Le programme est intéressant sur le papier, mais on a l’impression à la lecture du récit que Brian M. Bendis nous présente simplement ses équipes si on vient de prendre le train en marche et prépare la voie à de nouvelles séries. On devra se contenter de très sublimes planches pour assurer notre plaisir, c’est déjà cela.
(par Romuald LEFEBVRE)
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All-New X-Men/Les Gardiens de la Galaxie : Le Procès de Jean Grey. Par Brian M. Bendis (scénario), Sara Pichelli et Stuart Immonen (dessins). Traduction de Laurence Belingard et Jérémy Manesse. Panini Comics, collection Marvel NOW. Sortie le 2 décembre 2015. 144 pages. 14,95 euros.
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[1] Une équipe composée des cinq premiers X-Men du passé arrivés à notre époque, plus X-23 (le clone féminin de Wolverine).
[2] Histoire fondatrice des X-Men écrite par leur père spirituel, Chris Claremont, au début des années 1980. Jean Grey est devenue, pour sauver ses amis lors du crash de leur navette spatiale sur Terre, l’hôte du Phénix, la puissance incarnée de la Vie et de la Destruction perpétuelles dans l’univers. Le Phénix noir est un état où l’hôte est corrompu par sa puissance et penche très nettement vers la destruction : Jean a ainsi détruit, pour tester ses pouvoirs et sans s’en rendre compte, un système solaire entier de plusieurs milliards d’âmes. Pour éviter une nouvelle tragédie et que ses amis ne soient condamnés (notamment son petit-ami Scott Summers), Jean se suicide par amour de son prochain. Elle devient dès lors l’un des premiers personnages principaux d’une série de Comics grand public à disparaître.