Ça y est, cette fois, ils l’ont fait ! Par conséquent, dans We Live, en 2084, la jeune Tala et son petit frère Hototo entament leur quête parmi les derniers survivants de l’espèce humaine, au milieu des décombres d’une Terre exsangue, envahis par une faune et une flore hostiles. Et comme si cela ne suffisait pas, un mystérieux compte à rebours est enclenché, émis par on ne sait qui, depuis le fin fond de l’espace.
Ne seront censés échapper à l’extinction de masse que cinq mille enfants. Ils sont dotés d’un mystérieux bracelet au bras, dont la technologie de fonctionnement et la finalité véritable échappent à tous, y compris à leurs jeunes porteurs.
Publiée par AfterShock Comics aux États-Unis, We Live a été nommé aux Eisner Awards en 2020. Ce titre combine des références « miyazakiennes » à un inhabituel mélange des genres, qui débute par de la science fiction post-apocalyptique.
Son ambiance volontiers millénariste débouche sur un dénouement provisoire, à l’évolution inattendue, savamment entretenue jusque-là. Après le succès rencontré par le premier arc narratif (« Era of Palladions »), on a forcément envie de voir quels rebondissements vont lui être donné.
Malgré son recours à la palette graphique, Iñaki Miranda prodigue à son graphisme un lyrisme foisonnant dont les dessinateurs latinos se montrent souvent aptes à faire la démonstration avec éclat. Pour preuve, on se réfèrera à la virtuosité déployée par l’Uruguayen Matías Bergara dans Coda (Glénat), prix Comics ACBD 2021.
En ce qui concerne We Live, Eva de la Cruz parvient à rehausser les planches du dessinateur de ce titre d’une gamme très étendue de couleurs. Leur variété retient continûment l’attention, jusqu’à s’imprimer sur la rétine.
Dans Automnal, Jason Wordie se distingue lui aussi par son travail de coloriste, notamment en magnifiant les tons chauds — voir les feuilles d’arbres, au rôle très important dans le récit. Ceci vient apporter de l’épaisseur au dessin déjà très convainquant de Chris Shehan.
De son côté, Daniel Kraus propose là sa version horrifique, resituée à la croisée de l’organique et du végétal, d’un thème décidément dans l’air du temps. Pour en juger, il suffira de se tourner vers les sorties de Monstres (Monsters) de Barry Windsor-Smith chez Delcourt ou de Nos Monstres de notre confrère Yves Frémion et de Flavien Moreau aux Éditions Rouquemoute. Où ces derniers les débusquent parmi nous.
Les protagonistes féminines d’Automnal, Sybil et sa mère Kat, sont rattrapées par le passé de la seconde quand elle en vient à retourner un automne, dans l’espoir d’une vie meilleure, à Comfort Notch. Sa bourgade natale et son omniprésente forêt, dont l’endroit ne dépend pas que pour sa prospérité économique, cachent d’angoissants secrets.
Aliens exceptés, cette histoire s’inscrit à dessein dans la lignée de classiques popularisés par le cinéma anglophone. Tant sa lecture remet en mémoire L’Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel (Invasion of the Body Snatchers, 1956) ou Le Village des damnés (Village of the Damned, 1960) de Wolf Rilla, d’après le roman (The Midwich Cuckoos) de Joseph Wyndham (1957).
Sinon, 404 Comics réserve encore d’autres bonnes surprises avec ses futures publications. Nous avions esquissé leur annonce lors d’un article précédent. Hormis le deuxième tome de Jonna par Chris Samnee et son épouse, leur point d’orgue demeure toujours la réédition, attendue, de ZombieWorld : Le Champion des Vers de Mike Mignola et Pat Mc Eown. Rendez-vous sont pris, suite au prochain épisode donc.
(par Florian Rubis)
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En médaillon de cet article : couverture de "We Live" T1 - © Les frères Miranda & 404 Comics