Pendant la promenade rituelle de son chien, Poppy est entraînée dans un sous-bois proche de chez elle mais qu’elle ne connaissait pas. Au fur et à mesure d’intrusions successives, la fillette apprend à poser un autre regard sur le monde qui l’entoure, les plantes, les arbres, et les animaux qui y vivent. Elle fait aussi la connaissance de Rob, un jeune garçon qui va l’accompagner dans cette découverte d’un milieu naturel si proche et si étranger à l’univers de la jeune fille. Cette aventure donnera l’occasion à Poppy de renouer avec sa mère, une femme dépressive prostrée devant la télé. Pour elle aussi, sa perception du monde va changer au gré de la répétition de ces rencontres inopinées avec la faune sauvage des sous-bois.
Par une succession d’images particulièrement travaillées jouant sur des variations de gris, cette BD presque muette provoque très vite une sentiment de quiétude, une relation apaisée et sensible au milieu naturel. Kengo Kurimoto a lui même parcouru plusieurs kilomètres à travers bois pour rejoindre son atelier. Chemin faisant, il a ainsi croisé plusieurs specimens de cette faune et de cette flore ; rencontres dont l’album rend compte avec subtilité et humilité.
Le canadien, dont c’est la première publication en France, nous invite donc à se frayer un chemin dans une nature intacte ; son sens de l’observation aiguisée et la finesse de son trait font de cet album un petit bijou graphique. La qualité de son travail et de la réalisation technique nous invitent à réapprendre à voir, écouter, sentir et apprécier ce qui s’apparente davantage à une ballade contemplative.
Après le très démonstratif le Vivant à vif de Simon Hureau et Bruno David et avant le fantastique et mystique Verts de Patrick Lacan et Marion Besançon, Rue de Sèvres poursuit son investigation de thématiques liées à la défense de la biodiversité sous des formes diverses et variées.
(par Patrice Gentilhomme)
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