Bienvenue au Turkménistan, son président omnipotent, ses populations méfiantes, ses villes désertes. En acceptant ce contrat en 2009, Troubs débarque dans un de ces états d’ex-Union Soviétique rongés par le totalitarisme . Heureusement qu’avec son crayon, il s’attire parfois la sympathie des autochtones. Avec un appareil photo, les portes se seraient d’autant plus fermées.
Engagé pour superviser un recueil de poèmes illustré par des artistes locaux, Troubs a aussi pu mesurer le degré de censure en vigueur : tout ce qui est dessiné est sous contrôle. Parti unique, portraits du grand chef partout : on se croirait en Corée du Nord. Pourtant, le Turkménistan n’a pas vraiment de soucis diplomatiques.
Alternant planches aux traits épais et dessins moins encrés, paysages déserts (eh oui, le désert des sables noirs existe là-bas) et scènes urbaines glaciales, l’auteur nous permet une plongée étouffante dans ce pays noyé sous la fatalité. Où l’on entend nombre d’habitants regretter à demi-mots l’époque communiste. Beaucoup d’informations et d’éléments concrets dans ce reportage dessiné, mais quelques surprises cocasses aussi, tels ces jeunes militaires déracinés qui extorquent des devises au premier touriste égaré. Un voyage qu’on n’oublie pas, dont la valeur de témoignage égale presque les chefs d’œuvre de Guy Delisle.
(par David TAUGIS)
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