Le nouvel album « classic » de Tanguy et Laverdure achève l’histoire débutée dans l’album précédent Le mystère du sabre jaune. Titre qui fait inévitablement penser au roman de Gaston Leroux. Il ne s’agit pourtant pas d’un roman policier, quoique le commissaire Flèche enquête lui aussi sur l’affaire qui préoccupe nos deux pilotes français. L’inconvénient des diptyques est qu’il faut toujours attendre plus d’un an pour en connaître la fin. L’avantage est que l’intrigue peut s’étoffer sur le double de pages. Le récit de Traque au Canada commence juste là où les auteurs avaient terminé le premier épisode. C’est ainsi que Michel et Ernest sont figés dans les airs, croqués dans leur chute vertigineuse. Ils venaient de s’éjecter d’un avion civil et y sont restés un an. C’est cela aussi la magie de la bande dessinée.
Partis sur les traces d’un pilote canadien au comportement énigmatique et ancien combattant de la guerre de Corée, nos héros vont troquer leurs avions de chasse contre des hydravions. Vous en dire davantage serait vous en révéler trop, surtout si vous n’avez pas encore lu le premier tome. L’action est évidemment au rendez-vous dans un décor d’une France des années 60 reconstituée avec ses bistrots, voitures, mobiliers, téléphones d’époque. Cela, c’est pour le début de l’histoire car l’escapade canadienne se déroulera dans une nature sauvage qui compliquera la mission des Français et apportera sa dose de pittoresque.
Il s’agit d’une aventure traditionnelle pur jus comme la collection « classic » l’indique. Depuis la couverture qui reprend la présentation des albums « Pilote » avec son bandeau blanc et écriture rouge et noire jusqu’aux mots « Fin de l’aventure », vous vous plongez dans une BD comme on pouvait la concevoir dans les années 60 ; pas uniquement par nostalgie mais parce que c’était une façon de faire de la bande dessinée avec des planches détaillées, des dialogues fournis et qui pouvaient être lus par toute la famille. Non ce n’était pas forcément mieux avant. Mais retrouver un plaisir de lecture d’enfance offre toujours des sensations régénératrices de bonheur enfoui.
Profitons de cette parution pour saluer cet immense scénariste qui continue à faire rêver des générations de lecteurs. Jean-Michel Charlier aurait eu 100 ans le 30 octobre prochain.
(par David SPORCQ)
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