On nous annonçait le grand soir, la mainmise du commerce sur l’intelligence, de la vulgarité sur l’aristocratie du dessin. Procès d’intention honteux ! En voyant les premières réalisations des éditions du "nouveau" Futuropolis, on se rend compte que ces imprécations de chapelle sont du vent. Futuropolis n’est qu’un label, rien qu’un label, et ce sont ses éditeurs, et eux seuls, qui le font vivre. Gnaedig ne démérite pas en introduisant Blutch dans son catalogue. Blutch n’y a pas seulement sa légitimité aux côtés de Tardi ou de Baudoin ; c’est aussi un choix évident : il est une des signatures contemporaines qui a, à nos yeux, le plus de valeur.
Avec son dessin souple et sensible, héritage d’une lignée où ne s’invitent que des dessinateurs talentueux comme Gus Bofa ou Jules Feiffer, Blutch nous conte des petits moments de la vie quotidienne, ceux où l’on s’abstrait de tout et où seuls existent les individus, qu’ils soient en devenir comme ces merveilleux marmots capricieux qu’il dessine avec tant de justesse, ou leurs parents, bien souvent en crise, campés sur leur ego, autant angoissés par leur engagement dans l’existence que par la précarité du bonheur, de la vie même.
Il est important que dans le flux de nouveautés qui nous attendent en cette fin d’année, la BD ait parfois droit à ces moments lumineux d’intelligence.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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