C’est évidemment Desproges la référence :"Peut-on rire de tout ?" (Éditions Jean-Claude Lattès) tente d’aller plus loin que : "Oui, mais pas avec tout le monde". Philippe Geluck n’hésite pas à en approfondir le sujet puisque "Bergson n’a pas connu la Gay Pride ni les premiers pas de l’homme sur la Lune."
Alors il y va, à la sulfateuse : le mot "juif" apparaît dès la page 14 : "Tout a commencé lorsqu’un dénommé Moïse a cru que Dieu lui dictait la Torah au pied du mont Sinaï." En réalité, Moïse, "tout malin qu’il était, ne s’est pas rendu compte que ses copains, cachés derrière un rocher, lui faisaient une blague en prenant une grosse voix." Et paf !, d’un coup il se met à dos les trois religions du Livre, il cherche la fatwa, ou quoi ?
"Partant sur ce malentendu, poursuit l’humoriste au look de clergyman, tout ce qui suivit se mit à déraper et le peuple juif commença à se prendre le melon, prétendant que Dieu lui avait parlé, qu’Il l’avait élu au premier tour et qu’Il lui cédait un terrain emphytéotique pour s’y installer définitivement." Il y en a qui se feraient rhabiller en Lycra pour moins que ça ! Heureusement, Geluck n’est pas n’importe qui.
Car nous avons affaire rien moins qu’au rédacteur (en collaboration avec Dieu, qui ne touche bien entendu pas de droit d’auteur sous le prétexte qu’il n’existe pas) d’une nouvelle Bible destinée à supplanter l’Ancien et le Nouveau Testament, la Torah, le Coran et même, si on y réfléchit bien, La Dianétique de Ron Hubbard. D’abord parce qu’elle est moins chère (rien de tel que les bibles imprimées en Chine mais celle-ci l’est en France, fille aînée de l’Église, nous fait-on savoir), ensuite parce qu’elle est plus drôle, car les "fait pas ci, fait pas ça" des anciennes religions étaient, il faut bien le dire, un peu casse-couilles.
On y apprend la misère sexuelle du Créateur qui trompe la mort (sa mère..., je vous dis pas le complexe d’Oedipe) avec un mouton, comment Il créa l’homme et la femme, comment enfin Il révéla à Philippe Geluck Sa Parole divine qui a la forme d’un chat rebondi. "La Bible selon le Chat" que cela s’appelle, et c’est chez Casterman, célèbre imprimeur de missels depuis le XVIIIe siècle...
Élu à la béatitude éternelle, le bienheureux Geluck n’attend plus qu’à être canonisé. "Cela ne saurait tarder !" nous dit-on du côté des mollahs, des hassids et des catholiques extrémistes ...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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