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Adolphe Willette frappé d’indignité

28 février 2004 18 Commentaires
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Le conseil municipal du 18ème arrondissement de Paris a voté à l’unanimité la décision de débaptiser le square Adolphe Willette qui fait face au Sacré-Cœur.

Fils de militaire, Adolphe Willette est né à Châlons-sur-Marne le 31 juillet 1857 et mort à Paris le 4 février 1926. Il est un des grands illustrateurs de la fin du 19e siècle. Réalisant parfois des bandes dessinées, il donna figure à Pierrot et Colombine, dessinant même l’enseigne du Moulin Rouge au cœur de ce Montmartre dont il était une des figures marquantes.

Hélas, comme son ami Forain, il prêta sa plume aux traits les plus antisémites de son temps, collaborant notamment à La Libre Parole illustrée dirigée par Édouard Drumont. Pire : il se présente comme candidat antisémite (le seul sur sa liste) aux élections législatives du 22 septembre 1889, dans la 2e circonscription du 9e arrondissement de Paris, en pleine affaire Dreyfus.

Ce sont ces actes que le Conseil municipal a décidé de sanctionner en baptisant désormais le square Willette "square Louise Michel", du nom de la figure légendaire du mouvement ouvrier français et de l’anarchisme, contemporaine du dessinateur. L’inauguration a eu lieu le samedi 28 février à 11h30 en présence du maire de Paris, Bertrand Delanoë.

Le président vert du conseil de quartier Sylvain Garel entama les discours en revendiquant l’idée de débaptiser la place en lui attribuant le nom de la célèbre féministe anarchiste, "en pensant, dit-il, au fait que chaque année les intégristes de Saint-Nicolas du Chardonnet, proches de l’extrême-droite, viennent se réunir ici le soir de Pentecôte. Je suis sûr qu’ils seront contents de se réunir dans le square Louise Michel..."

L’ancien ministre de la justice Daniel Vaillant précisa que cette action ne déniait pas le talent du dessinateur mais la pensée qu’il défendait en tant que représentant d’une faction raciste.

Plus tard, le maire de Paris Bertrand Delanoë revendiqua avec force cet acte hautement politique : "Nous arrachons le nom du philosophe-dessinateur antisémite pour mettre le nom d’une femme porteuse des valeurs de fraternité qui sont les nôtres." Il ajoute, après avoir détaillé les causes pour lesquelles elle s’est battue : "Ce qui est juste ne disparaît jamais".

Dans l’assemblée, on pouvait reconnaître le dessinateur Jacques Tardi : Regardant le Sacré-cœur dominant le square, édifice d’infamie construit pour faire expier les Parisiens, il dit "Maintenant, il faudrait que l’on crée une association pour faire raser ce machin."

DP

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