Vous avez tous faux, bande de sots ! Imaginer que les schtroumpfs sont une émanation franc-maçonne ou une reprise de la littérature yiddish, et puis encore ? Pourquoi pas les fils cachés d’un gobelin (pour l’aspect grégaire et la vie retirée du monde des hommes) avec une elfe (pour la couleur bleue) ?
Néanmoins, après plusieurs mois de travail acharné et un mémoire de maîtrise de psychologie scénaristique, je suis en mesure de vous délivrer la Vérité.
Les Schtroumfs sont ... de gauche.
Et oui, vous ne le saviez peut-être pas, mais les schtroumpfs sont.... communistes, tendance soviétique ! ! Une affirmation qui peut surprendre, mais qui après une relecture attentive des albums de Peyo est pleinement démontrée ; regardez ces hommes partager le même village, chacun dans des maisons semblables ; toutes les différences individuelles sont gommées au profit d’une égalité parfaite entre les schtroumpfs (Le Cracoucass, La Soupe aux Schtroumpfs...). Ainsi les Schtroumpfs ne se distinguent que par leurs qualités (ou défauts) ; bricoleur, cuisinier, coquet, grognon... Mais jamais par leur richesse.
Un seul se dégage, le Grand Schtroumpf, homme modèle chargé de conduire par l’exemple (car il est toujours irréprochable, et même quand il fait des erreurs, il ne doit pas être contesté, cf. le Schtroumfissime) Ce leader maximo (cf la grande barbe blanche, symbole de sagesse, et portée par de nombreux dirigeants communistes par le monde) conduit le village vers un monde idéal, souhaité, imaginé (cf la symbolique du transfert dans la Flûte à Six schtroumfs)
Cette recherche d’un monde idéal (la société communiste) se remarque aussi dans le fait que l’ennemi est toujours extérieur ; Cracoucass (dégénérescence d’un OGM raté) ou Gargamel (homme intéressé uniquement par des aspects mercantiles, que dédaignent les Schtroumpfs ; transformer les Schtroumpfs en or.) Les perturbations internes (Le Schtroumpf financier, Le Schtroumpfissime...) sont causées par des intérêts personnels, contraires à l’intérêt général des Schtroumpfs.
Il est intéressant de noter que dans le monde des Schtroumpfs, toute perturbation est éliminée, puis on revient à la situation antérieure, idéale.
La figure du Grand Schtroumpf est également très intéressante car elle est l’un des rares points permettant d’identifier clairement le modèle soviétique ; en effet lui qui est l’exemple, est habillé de...rouge. A noter (mais je ne me souviens plus de l’album), que sur une image on voit portés par des Schtroumpfs une faucille et un marteau (une scène de défense contre Gargamel.)
Là encore un signe qui ne trompe pas.
Peyo (créateur et auteur de la série) reprend d’ailleurs avec délicatesse plusieurs grands symboles de l’imaginaire communiste ; il s’agit tout d’abord du culte des grands travaux pour galvaniser le village vers un objectif commun (reconstruction du village détruit, barrage ou pont sur la rivière...) mais aussi le culte du sport de masse (les schtroumpfs olympiques), des arts et lettres (Schtroumpf poète, Schtroumpf mucisien), ainsi que la haine des intellectuels (le Schtroumpf à lunettes, toujours injustement victime d’une chasse à l’intellectuel.)
Enfin, derniers arguments destinés à prouver que les Schtroumpfs sont une société communiste ; ils partagent tout ; le grenier du village est commun, la division du travail (Schtroumpf cuisinier, Schtroumpf bricoleur, Schtroumpf couturier...) permet à la société de fonctionner. Tous participent aux travaux des champs comme aux travaux sur la rivière...
Dans un monde idéal, retirés de la société humaine, les Schtroumpfs vivent en parfaite harmonie, soudés pour défendre leur modèle social, et protégés des agressions extérieures par leur cohésion.
Aujourd’hui, les Schtroumpfs manifesteraient en France contre le CPE qui sépare les salariés en plusieurs sous-catégories, auraient manifesté contre la guerre en Irak, circuleraient en vélo pour protéger l’environnement et regarderaient Arte tout en sirotant un café équitable avec sib pacsé.
Le Schtroumpf est en fait, en bande dessinée, le programme politique d’un monde meilleur. Rien à voir avec une inspiration de la franc-maçonnerie ou la reprise d’un conte pour enfants, Le Golem, d’un auteur polonais méconnu du XIème siècle, Joann Sfar.
J’espère que cette démonstration de l’origine des Schtroumpfs vous a convaincu. Mais ce n’est que le début d’une vaste campagne de décryptage de la bande dessinée.
La semaine prochaine, nous vous prouverons qu’en fait, la série XIII de Van Hamme est la transcription cachée des romans de la Table Ronde, avec de preux chevaliers défenseurs d’un monde en perdition pourchassé par les forces obscrures d’un monde nouveau qui se lève (non, cette phrase n’est pas extraite d’un discours de G W Bush), puis nous comparons la semaine suivante ma série préférée, Les Innomables (Yann et Conrard) avec les travaux de Sigmund Freud et William Reich sur le refoulement, pour prouver qu’en fait cette série n’est qu’un essai de vulguarisation de la psychologie du refoulement (Tony et son homosexualité, Jade et le complexe du père, Mac et l’amour déçu...)
Pierre