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« De Toulon à Tournai » ou le fabuleux destin de Futuropolis

19 janvier 2007 Commenter
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Jolie analyse de Jessie B publiée ces jours-ci sur Du 9, un site principalement consacré à « l’autre bande dessinée », entendez par là la bande dessinée indépendante. Deux ans après la polémique qui a suivi l’alliance entre Gallimard et Futuropolis, « une alliance réussie entre la carpe et le lapin » comme n’a pas manqué de la qualifier Olivier Delcroix dans Le Figaro, Jessie B fait le bilan de cette « récupération ».

Il considère qu’au fond, l’actuel Futuropolis ne fait rien d’autre qu’un travail de récupération comparable à celui de Casterman, surnommé –ne manque-t-il pas d’ironiser- de « Gallimard de la BD », à l’époque où le paléo-Futuropolis donnait l’impression d’être le seul défricheur des tendances nouvelles. Il conclut que ce nouveau label réussit plutôt son coup sans vraiment entamer le sanctuaire des « indépendants » : « Aujourd’hui, avec un peu de recul, nous constatons que l’arrivée de tous ces nouveaux a fait moins de concurrence aux « indés » que prévu, qu’ils apparaissent parfois complémentaires, qu’ils ont produit des livres que les « indés » n’auraient pas faits et que ces derniers gardent encore une présence médiatique forte. »

Et de pointer sans pitié une surproduction préoccupante, en égratignant au passage tous les leaders de la profession ( un Dargaud qui ne cesse de faire son deuil de Guy Vidal, un Casterman déchu voire « soleillisé », un Lombard inexistant, un Dupuis sans âme, un Soleil vulgaire et un Glénat… qui dort), une offre pléthorique qui, seule, est responsable des éventuels aléas actuels du marché.

Même si l’on regrette les confusions (in-) volontaires comme celle qui persiste à considérer Futuropolis comme une filiale de Soleil en oubliant que Gallimard, qui joue par ailleurs sa partition aussi bien sous le label Bayou qu’avec sa filiale Denoël Graphic, détient 50% de la boîte, on se félicite de cette analyse pertinente et relativement posée qui change un peu des passes d’arme primaires qu’on a pu lire récemment sous des signatures pourtant peu suspectes, jusqu’à présent, d’aveuglement.

Nous pensons en revanche que les « indépendants » ne sont pas préservés par la restructuration du marché qui s’annonce. La raison vient de ce que, commercialement, du fait de leur format (qui est celui du roman) et de leur propos (autobiographie, sujet de société…), le développement des indépendants s’est surtout fait en librairie générale (leurs défenseurs ont déversé suffisamment leur mépris sur les « spécialisés BD », pourtant leur premier soutien). La réponse des labels littéraires ne s’est pas faite attendre : Gallimard, Actes Sud, Denoël, Le Seuil, Hachette Littérature, Le Diable Vauvert, Grasset même sont venus sur leur terrain au point de les ensevelir. Et comme, pour le libraire généraliste, il est plus commode de commander chez ces éditeurs traditionnels que chez un petit distributeur comme Le Comptoir des Indépendants, exigeant sur la gestion des retours, voire réfractaire à certaines méthodes commerciales (ainsi, les albums de L’Association se refusent de mettre des code-barres sur leurs ouvrages), comme dirait un célèbre économiste, « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Là est le véritable affrontement, là se joue leur destin. La partie n’est pas facile et, déjà, un excellent label comme L’An 2 a du jeter le gant en se faisant reprendre par Actes Sud, un éditeur de… littérature.

DP

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