1977-2016 : presque 40 ans de chanson pour cette nouvelle -la troisième-édition de la Bande à Renaud. Ces 25 titres illustrés s’inscrivent dans une tradition désormais classique qui a vu défiler nombre de chanteurs mis en image par des auteurs de renom.
Ici, forcément, le casting impressionne. Un véritable aréopage patrimonial. Mais plutôt que de lister les contributions de chacun, il me semble intéressant de distinguer les réels efforts de mise en scène, mais aussi quelques déceptions.
Largement en tête : José-Louis Bocquet, qui offre avec Rouge-Gorge et les dessins d’Arno une pépite reprenant le thème des pauvres rejetés de Paris vers la banlieue. Le sens du texte, l’extrapolation en destin individuel, la finesse de l’analyse forcent le respect. Dernier arrivé avec une chanson du tout dernier Renaud [1], Guérineau donne à J’ai embrassé un flic une profondeur bienvenue, avec tous ces visages multipliés et semblables de l’artiste lui-même.
A côté de ces réussites particulières, on peut distinguer une seconde catégorie : les illustrations fidèles, bien ancrées dans l’univers de la Chetron sauvage : Margerin -mais comment pourrait-il en être autrement !- avec Le Retour de la Pépette, et Boucq avec un Gérard Lambert croqué aux petits oignons. Dans un style plus sobre et sans s’étendre au-delà de 4 pages, Yslaire capte avec sensibilité la déprime pesante de Mimi l’ennui. Une chanson dont on peut se demander, comme souvent avec Renaud, si elle ne décrit pas une personne très proche (son ex-femme Dominique ?).
Enfin, hormis quelques planches sans grande originalité mais agréables (J-C. Denis ou Dodo & Ben Radis), le reste s’avère décevant, notamment un ratage total pour Chanson pour Pierrot, hors-sujet (Loisel), ou Allongé sous les vagues, dans lequel Ptiluc emmène la chanson dans son univers en effaçant totalement le fond (le business du disque) et en mélangeant le texte avec celui de Triviale Poursuite, ou comment saboter le sens de deux titres majeurs du répertoire de l’artiste...
DT
[1] aussi titré Toujours Debout
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