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Le retour inattendu de Morez

8 décembre 2013 3 Commentaires
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C’est le premier livre qu’il publie depuis Cocktail avec un trait de Morez dans la collection... Gag de poche en 1964 ! Il y était publié grâce à l’un de ses amis les plus proches, un intime, qui l’avait recommandé à la World Press : René Goscinny.

Né en Roumanie en 1922, dans un shtetl juif particulièrement miséreux, il vient en France avec sa famille lorsqu’il a cinq ans. Tout jeune, il est repéré par Emmanuel Mané-Katz, l’un des plus plus fameux peintres juifs de l’École de Paris qui le prend sous son aile. Deux de ses tableaux sont acceptés au Salon d’automne de 1938. Il a 16 ans et une grande carrière s’offre à lui. Mais la guerre est là. Il est contraint de se cacher alors que ses parents disparaissent dans l’enfer nazi.

À la libération, son élan est brisé, il devient dessinateur de presse. Son humour philosophique s’inscrit dans la trace des cartoonists américains et cousine avec Chaval et un de ses amis qui commence en même temps que lui : Sempé. Il publie d’abord dans la presse communiste : il est le premier dessinateur français à publier dans Krokodil, le fameux magazine d’humour russe, avant de s’en faire virer pour un dessin qui déplut à Moscou.

Le retour inattendu de Morez
Henri Morez
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Mais sa réputation d’humoriste est faite : on le lit bientôt dans France Dimanche (qui n’était pas le nanard que c’est devenu maintenant), Le Figaro Littéraire, Paris Match, Jours de France, mais aussi dans Lui et dans Bizarre. Son talent passe les frontières : le Punch en Angleterre, Panorama en Italie,... Plus de 10 000 dessins en tout.

Au décès de sa femme, il revient à la peinture où il recommence à intéresser les collectionneurs avec une œuvre très intimiste dont la dimension surréaliste fait penser parfois à Chirico. Le monde du dessin d’humour l’oublie peu à peu, mais pas René Goscinny dont il était un des intimes. Goscinny et lui s’amusaient comme des fous quand ils étaient ensemble, c’était un festival d’humour permanent, une joute dont aucun des deux protagonistes ne sortait vainqueur, si ce n’est parce que son adversaire était mort de rire.

Et voici que Morez nous revient ces jours-ci avec un livre d’aphorismes entrecoupé de dessins d’humour et de bandes dessinées : Afourismes, au Cherche Midi. Il y arpège cette langue française découverte à cinq ans, lui qui ne parlait que le yiddish. Cela donne des sentences réjouissantes :

"Le rire est le propre de l’homme, le reste est dégueulasse"

"Si l’homme est à l’image de Dieu, Dieu me fait peur"

"Celui qui n’a jamais connu l’angoisse devrait s’inquiéter"

"Les hommes politiques ont soif de pouvoir et c’est le peuple qui trinque"

"Je me suis accordé le permis d’éconduire"

"Ils s’entendent à merveille, il est peintre, sa femme est cadre"

Il y en a tout un recueil et ses dessins d’humour sont de la même eau. Nous avons rencontré ce vieil homme de 92 ans qui a bien voulu avec nous "tirer un trait d’humour sur son passé". Nous vous livrerons d’ici à quelques semaines cette conversation qui couvre près d’un siècle d’histoire, et nous reviendrons en particulier sur ses relations avec l’illustre René Goscinny.

DP

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Extrait d’Afourismes de Morez
Ed. Le Cherche-Midi

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


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