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Pour 30 euros, « L’Immanquable » se paie une polémique sur le Net

25 juillet 2011 50 Commentaires
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Pour 30 euros, « L'Immanquable » se paie une polémique sur le NetTout commence par un petit mail adressé par le patron de « L’Immanquable », Frédéric Bosser, à certains profs d’écoles de BD et à certains auteurs :

Bonjour,
Nous souhaitons ouvrir le magazine L’Immanquable avec une histoire courte inédite de 4 à 8 pages maximum. La priorité sera donnée à des auteurs débutants ou des étudiants. Nous ne nous interdisons pas d’éditer également des histoires inédites que des auteurs ayant déjà publié un ou deux albums ont dans leurs cartons. Pour l’instant, nous ne pensons pas imposer de thèmes.

Êtes-vous intéressé ou pouvez-vous nous aider à contacter des auteurs de talent ou en devenir qui pourraient satisfaire cette demande ?
Pour info, L’Immanquable est un mensuel qui sort onze fois par an. Les tarifs seront de 30 euros la page. Il sera le même pour tous.
Dans l’attente de votre retour
Bien à vous,
Frédéric Bosser
PS : merci de faire passer l’info si vous avez des contacts que cela peut intéresser.

Aussitôt, le mail se met à circuler. Les réactions, parfois virulentes, arrivent rapidement.

« Indignez-vous !, écrit un auteur bien en vue et qui fait diffuser le message. ... De vous à moi, si on voulait tomber plus bas dans le cynique et le manque de considération de la rémunération des auteurs de BD (y compris débutants), on ne s’y prendrait pas mieux. »

« Excellent..., écrit un autre en réponse. Alors, imaginons un auteur très productif qui tombe une page par jour à 30 euros soit 8h de taf par jour pour soit 3,75 euros de l’heure. Mais à cela faut-il de la couleur ? Imaginons payer le coloriste [à] 25% du prix [de la] page, il reste donc 22,5 euros la page pour 8 h de taf = 2,80 euros gagné par heure de travail. »

Sur la page Facebook de l’éditeur, l’ironie déferle de la part des intervenants, des auteurs pour la plupart :

« C’est le deal du siècle, nul doute que quantités d’aspirants auteurs naïfs et fauchés se diront que c’est une carte à jouer »…

« 30 € la page... C’est faramineux ça comme prix… Jamais vu autant de générosité ! Surtout que j’imagine que ce doit être bien dessiné ! :)))) »…

« BD low cost. Les dessinateurs devront également payer pour aller pisser »…

« Alors, 20 euros pour le dessin, 7 pour le scenario et 3 pour le coloriste, ok ça marche. J’ai pas ma calculette, mais les Agessa devraient pas trop nous prendre sur la part des 30 euros. Merci encore ! »…

« Une idée lubrifiante ! »…

« Frédéric, vous devriez appeler votre magazine " l’impayable". »

...

Certains auteurs suggèrent que Frédéric Bosser aurait mieux fait de proposer un concours de jeunes talents où les lauréats seraient gratifiés d’un « tremplin », parlent de maladresse.

D’autres signalent que dans d’autres supports (Lapin, Le Tigre...), la publication des BD n’est même pas rémunérée...

Reste la vraie question : Cette demande était-elle légitime ?

Interrogé par nos soins, le SNAC-BD n’a pas encore fait savoir s’il était légitime d’imposer un « SMIC » pour une planche de bande dessinée.

En revanche, sur sa page facebook, Frédéric Bosser répond longuement aux critiques.

Il reconnaît une certaine « maladresse », précisant son intention : « Ce mail était aussi destiné aux professeurs pour leur proposer un partenariat avec leurs écoles respectives (Saint-Luc, Angoulême, Strasbourg, etc.). Puis, emporté dans mon élan, j’ai envoyé à des connaissances ce même e-mail en leur demandant de faire suivre à des auteurs qui seraient dans cette situation tout en leur proposant d’éventuellement ressortir de leurs cartons, s’ils le souhaitaient, des histoires courtes condamnées à y rester. »

Il prend cela « comme une main tendue à une profession qui souffre. »

Il insiste sur la précarité de son journal dont l’équilibre financier est incertain : « …si j’ai proposé cette somme, c’est uniquement parce que c’est la seule possible dans notre économie actuelle et aucunement pour mépriser ou abaisser les auteurs, voire pour continuer à les paupériser comme l’ont écrit certains. C’est vrai que j’aurais dû, comme Hervé Bourhis l’a suggéré, annoncer que ce n’était pas payé, comme ça il n’y aurait pas eu cette levée de boucliers que je peux encore une fois tout à fait comprendre à un moment où il est important de défendre les auteurs qui sont la base de notre métier. »

Quoiqu’il en soit, cette histoire est une nouvelle illustration du malaise palpable des auteurs de bande dessinée en France.

DP

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.


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