C’est devenu un des rendez-vous obligés des Rencontres d’Aix-en-Provence : certains auteurs invités doivent réaliser une performance devant les yeux du public. Pour corder l’affaire, Serge Darpeix, directeur artistique du Festival, avait eu l’idée de réunir trois dessinateurs, deux Flamands : Herr Seele et Brecht Vandenbroucke et un Catalan : Joan Cornellà.
Mais très vite, l’affaire devint préoccupante : en effet, Herr Seele qui avait peint voici deux ans une œuvre monumentale dans l’atelier de Cézanne, a l’habitude des "grandes machines", tandis que les deux jeunes gens ne sont jamais sortis de leur petit format. Autre problème : Herr Seele, comme à l’accoutumée, était extrêmement préparé, ayant déjà esquissé le travail et bâti un synopsis, tandis que ses deux collègues misaient sur l’improvisation. Allaient-ils se faire croquer par l’ogre ?
Non pas. Laissant Herr Seele -vêtu d’un ravissant cache-poussières rose comme on n’en fait plus qu’en Flandre- coloniser l’espace à sa façon, nos deux auteurs le grignotèrent peu à peu, mixant leur dessin simple, linéaire surplomber par leur lisibilité les interprétations artistiques du dessinateur ostendais qui fait aussi bien référence à Grünewald qu’à Botticelli ou Picasso.
Au final, cela a fait une réalisation cocasse qui correspondait bien à l’esprit du festival cette année et où l’intégrité du jeune West-vlandrien et du Catalan étaient préservées.
DP
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