Cet illustrateur de la génération post-Bazooka est apparu à la fin des années 1980 comme une espèce de chaînon manquant entre l’illustrateur anglais Glenn Baxter et les univers pas encore inquiétants de Charles Burns. Un trait post-moderne et un humour héritier de celui des Situationnistes, avec ce mystère conceptuel supplémentaire : qui est-il ?
Il a toujours entretenu cette énigme. Hier soir, à l’inauguration, l’artiste n’était pas présent. Mais en fait on n’en sait rien : peut-être était-il là, parmi nous, à regarder ses œuvres d’un air atterré en disant : « Pfuuu, c’est nul ! »
Laurent Zorzin, de la Galerie Arts Factory à Paris, explique comment il a construit sa légende : « Quand il devait rencontrer son éditeur, il venait toujours avec une autre personne, mutique, si bien qu’on ne savait pas qui de l’un ou de l’autre était vraiment l’artiste. » Quand Jean-Pierre Dionnet a voulu l’inviter à son émission TV, il annonçait qu’il envoyait quelqu’un d’autre… « Seule mon œuvre parle » laissait-il entendre...
Les rédactions se passent le mot. Le « Daft Punk » de l’illustration et de la BD, d’avant même l’invention de Daft Punk, y trouve même un ressort à sa carrière qui prospère dans la presse, se prolonge en librairie et en galerie.
Si sa biographie se limite généralement par la laconique sentence « Pierre La Police vit et travaille à Paris », sa bibliographie est relativement conséquente. On lui doit notamment les aventures des frères Themistecle, « Les Praticiens de l’infernal » dont le Tome 2 : Miracles nuisibles et malveillances célestes, vient de paraître aux éditions Cornelius, mais aussi la série Véridique ! (« Enfin, la vérité sur tout ! ») et bien d’autres ouvrages.
On connaît le mot du moraliste Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort : « Célébrité : l’avantage d’être connu de ceux qui ne vous connaissent pas. » Les Rencontres du 9e Art d’Aix en Provence en font à nouveau la démonstration.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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