« 2004, l’année de la concentration », titre le rapport. Un intitulé logique et explicable car cette année a été marquée par le rapprochement entre maisons d’édition, mais aussi par un développement accru de la production.
Livres Hebdo a estimé que le marché de la bande dessinée représentait plus de 240 millions d’euros de chiffre d’affaire, soit un peu plus de 30 millions d’albums vendus. Un marché florissant, donc.
Selon le décompte de Gilles Ratier, 3070 ouvrages appartenant au domaine de la bande dessinée ont été publiés en 2004 (contre 2526, l’an dernier), soit une augmentation de 17,71%. Malgré cela, le secteur de la bande dessinée ne représente seulement que 6,14% du marché du livre...
Dans ce total, on dénombre quelque 2.100 nouveautés publiées (1730, en 2004), ce qui cause bien du souci aux libraires dont les linéaires se trouvent de plus en plus encombrés. Il en résulte un taux de retour important, qui se situerait, selon Gilles Ratier, autour des 40%. Autre problème lié à cette augmentation : les ventes de fonds (les « anciens » titres des séries) ont tendance à s’essouffler. Certains éditeurs, qui vivaient paisiblement des ventes de leur fond, ont été obligés de revoir leur politique éditoriale. Ils publient aujourd’hui plus de nouveautés et créent sans cesse de nouvelles collections.
Certaines séries confirment leur statut de best-seller. Le nouveau Titeuf (Zep) a été tiré à 2.000.000 d’exemplaires. On remarquera l’étonnant tirage des Lucky Luke (Gerra & Achdé - 650.000 exemplaires), du Spirou (Morvan & Munuera - 250.000 exemplaires) ou du premier album de Lady S. (Van Hamme & Aymond - 130.000 exemplaires).
Avec l’acquisition de Dupuis, le groupe Media-Participations (déjà propriétaire de Dargaud, Lombard & Kana) contrôle désormais 37% du marché et relègue Glénat à la deuxième place, suivi par Flammarion (propriétaire de Casterman & Fluide Glacial).
Le Manga confirme son excellente pénétration du marché, avec 754 titres publiés cette année (contre 521 l’année dernière). Trois éditeurs surfent avec succès sur cette vague et représentent plus de 80% des ventes : Glénat, Média-Participations (avec Kana) et Pika. Ces bandes dessinées asiatiques offrent l’avantage d’intéresser un public plus jeune aux moyens financiers limités. De plus, l’éditeur réalise des marges plus importantes sur ce type d’ouvrage, compte tenu d’une publication en noir et blanc qui leur occasionne des coûts d’impression réduits. Les tirages des mangas les plus populaires sont cependant bien moindres que les best-sellers franco-belges. Naruto, par exemple, avoisine les 60 000 exemplaires, alors que le dernier XIII est imprimé à 450.000 exemplaires.
Gilles Ratier souligne également que la bande dessinée semble être définitivement sortie de son ghetto. L’industrie cinématographique lorgne de plus en plus sur la bande dessinée (Blueberry, Immortel, L’Enquête corse, Les Dalton, etc). Les médias accordent plus d’importance à notre art favori, et plus seulement lors du Festival International d’Angoulême. Enfin, les nouveaux magazines consacrés exclusivement à la bande dessinée sont pléthores : Bédéka, BD : l’art de la bande dessinée et Bandes Dessinées Magazine ont l’ambition de faire de l’ombre à Bo Doï...
Le secrétaire général de l’Association des Critiques et Journalistes de Bande Dessinée, Gilles Ratier, approfondit également d’autres thèmes de manière fort intéressante dans son « Rapport 2004 ». Nous vous invitons à lire son rapport repris dans le fichier PDF joint à cet article.
(par Nicolas Anspach)
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