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2011 : l’année où la BD déferla sur le grand écran

Par Thierry Lemaire le 27 février 2011                      Lien  
C'est maintenant une habitude depuis plusieurs années, l'adaptation de bandes dessinées au cinéma fait recette. En 2011, une dizaine de grosses sorties sont prévues sur les écrans avec une belle moisson d'inspiration franco-belge. Panorama d'un phénomène.

Largo Winch II avait inauguré la saison début février, l’année continuera sur un rythme soutenu de sorties cinématographiques liées à la bande dessinée, plus de la moitié concernant des albums franco-belges.

6 avril

2011 : l'année où la BD déferla sur le grand écran
(C) Pathé Distribution / Zep / Editions Glénat

Casting trois étoiles pour Titeuf, le film. La réalisation est assurée par Zep ; la chanson du film (composée par les frères Goldman et Zep) est interprétée par Souchon, Bénabar et Cabrel ; Johnny Halliday fait une apparition ; Jean Rochefort, Maria Pacôme, Zabou Breitman et Sam Karmann prêtent leur voix. Celle de Titeuf est assurée par Donald Reignoux (qui avait déjà fait celle des trois saisons de la série animée, diffusée sur Canal J puis France 3). A première écoute, le choix de Reignoux rappelle la fameuse anecdote du fan de Tintin qui écrit à Hergé après avoir vu les films live du petit reporter : "Tintin n’a pas la même voix que dans les albums". Quant au synopsis, il n’est pas franchement excitant et ressemble plutôt à une présentation de la série à ceux qui ne la connaitraient pas encore, mais gardons-nous de juger avant d’avoir vu le résultat final.

27 avril

(c) Marvel / Paramount Pictures France

Avec Thor, on est potentiellement pas très loin de Shakespeare. Est-ce pour cette raison que Paramount et Marvel ont confié la réalisation à Kenneth Branagh ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, l’idée est séduisante. Tout comme le casting qui comprend le très musculeux Chris Hemsworth dans le rôle titre, et surtout Anthony Hopkins dans celui d’Odin et Natalie Portman dans celui de Jane Foster. Stan Lee est à la production, et on pourra s’amuser à le chercher dans les figurants. Si la partie "Domaine des Dieux" fait un peu carton pâte, la partie dans le monde des humains est nettement plus convaincante. Un avant-goût avec la bande annonce d’un film dont la VF est absolument médiocre.

1er juin

(c) Marvel / Twentieth Century Fox France

Dans la série des X-Men, je demande la Jeunesse. Après X-Men, X-Men 2, X-Men, l’affrontement final et X-Men origins : Wolverine, Marvel et 20th Century Fox remettent le couvert avec X-Men First class et explorent les premières années de l’école de Charles Xavier. La série qui a relancé les films de super-héros est donc toujours bankable (on attend d’ailleurs un X-Men 4 : Evolution et un X-Men origins : Wolverine 2 pour l’année prochaine). Pour cet épisode, une floppée de jeunes acteurs, et un seul vieux grognard, Kevin Bacon dans le rôle de Sebastian Shaw.

1er juin

Depuis le temps qu’on l’attendait, voici enfin la sortie du film d’animation Le chat du rabbin. Le scénario tiré des tomes 1, 2 et 5 est développé par Sandrina Jardel et Joann Sfar. Là encore, la liste des doubleurs a du chien : François Morel pour le chat, Hafsia Herzi (La graine et le mulet) pour Zlabya, Maurice Bénichou pour le Rabbin, Fellag, Jean-Pierre Kalfon, Eric Elmosnino et même Marguerite Abouet. Les premiers visuels sont superbes et laissent présager un succès du tonneau de Persépolis. Le Chat du Rabbin est le premier des projets développés par Autochenille Production, la société d’Antoine Delesvaux, Joann Sfar et Clément Oubrerie. Les prochains long-métrages en préparation sont Aya de Yopougon, Isaac le Pirate et Sardine de l’espace.

(c) Autochenille / UGC Distribution / Ed. Dargaud

22 juin

(C) UGC Distribution / Ed. Le Lombard

Sur la vague du Petit Nicolas, voici l’adaptation cinématographique de L’élève Ducobu, un pari pour une série dont le tirage de l’édition papier tourne de 100 à 130 000 exemplaires suivant les années. Mais certainement un jackpot pour les ventes d’album si la réussite du film est à la clef. Alors qu’on aurait pu s’attendre à un dessin animé, d’autant plus que la série n’a pas connu la déclinaison en série animée pour la télévision, c’est un film live qui est proposé aux spectateurs. A la lecture du pitch (à signaler que Zidrou n’est pas crédité au scénario du film), on découvre une sorte de prequel de la série qui décrit l’arrivée de Ducobu dans son école et l’enjeu de ses tentatives répétées de copiage sur Léonie. Un effort a mettre au crédit des scénaristes. Pour ceux qui l’auraient raté à Angoulême, Elie Semoun joue le professeur Latouche. Les parents de Ducobu sont interprétés par Bruno Podalydes (frère de Denis et grand fan d’Hergé) et Helena Noguerra. Et dans le rôle de Ducobu, on retrouve Vincent Claude, qui jouait Alceste dans Le petit Nicolas, tiens tiens.

(C) UGC Distribution / Ed. Le Lombard

3 août

(c) DC Comics - Warner Bros

Pour les néophytes de l’univers DC Comics, qu’est-ce qu’un green lantern ? C’est un personnage qui détient un anneau vert dont le pouvoir est de créer n’importe quoi par la pensée, pourvu que son propriétaire possède la force psychique suffisante. Les green lantern sont nombreux et forment une confrérie qui maintient l’ordre intergalactique, rien que ça. Le film repose sur le personnage de Hal Jordan, créé en 1959, un pilote d’essai qui reçoit l’anneau d’un extraterrestre mourant. Avec ce film, Warner Bros. commence à explorer des héros bien moins mondialement connus que Spiderman ou Batman. Si le film trouvera peut-être son public aux Etats-Unis, pas sûr que ça fonctionne très bien en Europe. D’autant moins que ni le casting (Ryan Reynolds, vu dans Buried, La proposition, X-Men Wolverine, Tim Robbins dans un second rôle) ni le nom du réalisateur (Martin Campbell, Hors de contrôle, Casino Royal, La légende de Zorro) ne risquent de faire venir les foules en masse. Ce n’est pas grave, Warne Bros. a déjà décidé que Green lantern serait une trilogie.

3 août

(C) IMPS / Sony Pictures Releasing France / Le Lombard

Qu’est-ce qu’on schtroumpfe ici ? lit-on sur l’affiche. C’est peut-être la question que se poseront les spectateurs dans les salles de cinéma. Doit-on comprendre cet épisode des Schtroumpfs à New York comme une audace artistique ou comme un coup marketing ? Sony Pictures a fait le pari de produire ce film made in USA dont le réalisateur et les acteurs sont américains. L’ambition ira-t-elle au delà d’un vague film de l’été à qui on demandera juste d’être rentable ? Le choix de Raja Gosnell à la réalisation (dont la filmographie se compose de Big Mamma 1, ScooBy-Doo 1 et 2, et du Chihuahua de Beverly Hills) est une première réponse à la question. Le pitch du scénario, fin comme du papier à cigarette, en est une seconde : chassés de leur village par Gargamel, les Schtroumpfs débarquent dans notre monde, au beau milieu de Central Park. A la vue de la bande annonce, on pourra être amusé de voir les Schtroumpfs en 3D. On sera certainement particulièrement schtroumpfés par l’histoire.

17 août

The First Avenger : Captain America
(c) Marvel / Paramount Pictures France

Tiens, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu une histoire avec des nazis. Avec Captain America, nous voila plongés dans les combats de la Seconde Guerre mondiale. Un jeune homme trop malingre est réformé par l’armée, mais comme il désire vraiment se battre pour son pays, il accepte la proposition d’un général et participe à une expérience pour devenir un super combattant. Captain America est né. Son adversaire pour ce film ? Un certain Crâne rouge, ancien nazi qui dispose du Cube cosmique, un artéfact qui peut matérialiser tout ce qu’il imagine (non, rien à voir avec Green lantern). Le casting est bétonné : un méchant joué par Hugo Weaving (Matrix, Le seigneur des anneaux), un général interprété par Tommy Lee Jones, un film réalisé par Joe Johnson (Jurassic Park III, Jumanji, Les aventures de Rocketeer, Chéri j’ai rétréci les gosses), Samuel L. Jackson dans un rôle secondaire et Stan Lee en figurant. Il ne devrait donc pas y avoir énormément de surprises. Captain America sera efficace, avec son petit côté vintage.

26 octobre

Et voila donc les aventures de Tintin réalisées par Spielberg. Forcément excitant puisqu’un réalisateur de cette trempe a porté son dévolu sur le petit reporter, mais doublement casse-gueule. Aux Etats-Unis d’abord, car l’ami Steven va devoir convaincre ses compatriotes avec un héros qui n’est ni dans le catalogue Marvel ni dans celui de DC Comics. En Europe francophone ensuite, car il s’attaque à un monument culturel. Que sait-on pour l’instant de ce projet ? Que le titre est Le secret de la Licorne mais qu’il s’inspire aussi du Crabe aux pinces d’or (flashback sur la rencontre avec le capitaine). Qu’il est entièrement réalisé en image de synthèse et en motion-capture. Que Jamie Bell (Billy Elliot) prêtera ses mouvements à Tintin, Andy Serkis (Gollum dans Le seigneur des anneaux) au Capitaine Haddock, Daniel Craig (James Bond) à Rackham le Rouge, Gad Elmaleh à Omar Ben Salaad. Qu’il y aura une suite réalisée par Peter Jackson et un troisième volet avec Spielberg et Jackson à la baguette. Pour l’instant, seulement quelques images à se mettre sous la dent.

Non, ce n’est pas un mauvais Tournesol, c’est Aristide Filoselle, le pickpocket.
(C) Moulinsart / Sony Pictures Releasing France
Le crabe aux pinces d’or est dans la place

26 octobre

Ed. L’Association

Le même jour que le Tintin sortira donc Poulet aux prunes, qui essaiera de faire aussi bien que Persepolis. Cette fois, pas de dessin animé mais un film live. Pour l’instant, peu d’informations à son sujet. Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud sont toujours aux manettes. Le film est une adaptation de l’album du même nom (meilleur album à Angoulême en 2005). L’histoire de ce violoniste iranien qui perd le goût de vivre et décide de s’allonger pour attendre la mort. Le casting est impressionnant : Mathieu Amalric, Jamel Debbouze, Edouard Baer, Chiara Mastroianni, Isabella Rossellini, Eric Caravaca, Maria de Medeiros. Les références affichées par Paronnaud pour ce film vont vers le "old school", Hitchcock, Murnau, réalisé en cinémascope, avec des passages en technicolor. On attend impatiemment les premières images.

(par Thierry Lemaire)

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En médaillon : (C) Moulinsart / Sony Pictures Releasing France

 
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3 Messages :
  • 2011 : l’année où la BD déferla sur le grand écran
    27 février 2011 16:18, par ishimou

    À l’attention de ceux que l’image déformée d’une réussite induirait en erreur, je voudrais dire que la BD est sans doute l’un des secteurs artistiques les plus difficiles pour se réaliser professionnellement et des plus fermés pour y proposer une vision d’artiste. Votre article n’est pas mal du point de vue de l’information, encore que j’aurais voulu connaître la taille, le poids, et la pointure de l’acteur qui joue Tintin, mais c’est aussi une addition de certitudes ennuyeuses faites pour nous, par ceux qui savent ce qui est bon pour nous.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 février 2011 à  18:26 :

      Cela fait un petit temps, M. Ishimou, que vous assénez votre mal-être sur le dos d’une bande dessinée qui a l’air de marcher trop bien selon vous. Trop bien pour un auteur qui, comme vous peut-être, ne recueille pas les bénéfices de cette "manne" supposée.

      A cela s’ajoute de récriminations à l’encontre d’auteurs qui n’en seraient pas (comme ceux de la 5ème Couche), de bande dessinées qui n’en seraient pas (comme les livres des éditions Charette) que sais-je encore...

      Nous savons, chez ActuaBD, faire la part des choses. D’abord entre l’information et l’analyse. Nous constatons que les rapports de la BD et du cinéma vivent un moment exceptionnel tant en terme de reconnaissance (cf le César de Sfar après le prix cannois de Marjane Satrapi) qu’en terme de présence cette année de la BD franco-belge face à une BD américaine aussi très active.

      L’impact sur le marché est un autre sujet dont nous reparlerons sans doute.

      Vous confondez votre difficulté personnelle qui vous rend semble-t-il bien dépressif et qui est sans doute partagée par un bon nombre d’auteurs en ce moment (la situation va s’aggraver sans doute) et celle de l’industrie qui elle, ne va pas trop mal, mais au prix d’un recentrage sur les valeurs commerciales éprouvées aux dépends d’expériences, disons, plus "aventureuses".

      Le principal vecteur de cette tendance est, ne l’oublions pas, le libraire (ou, pour généraliser, le point de vente) : c’est lui qui "rationalise" retournant les ventes lentes ou médiocres, achetant plus volontiers les marques connues ou médiatiquement exposées, notamment ces auteurs de la nouvelle génération qui ont le talent de savoir faire parler d’eux.

      Il me semble que votre problématique mérite d’être expliquée plutôt que de se résumer au dézingage systématique de ceux que vous croyez, à mon avis à tort, responsables de votre infortune.

      Il est important pour la jeune génération qui arrive et qui s’était peut-être habituée à une entrée dans cette activité relativement valorisante et aisée que le marché est en train de muter, que cela provoque des incertitudes nouvelles mais qui ont au moins cette vertu : celle de pousser les nouveaux auteurs à s’adapter à la nouvelle donne. Nous ne cherchons pas ici à causer leur désespérance mais au contraire à leur donner des raisons d’espérer.

      Le parcours des Zep, Sfar, Sattouf, Satrapi, Rabaté..., et avant eux Bilal et d’autres, est exemplaire. Ils sont, pour les nouvelles générations, la preuve qu’un auteur de bande dessinée peut s’accomplir bien au-delà du périmètre immédiat de son métier. Des nouveaux acteurs de l’édition comme Ankama en font également la démonstration.

      Répondre à ce message

      • Répondu par ishimou le 28 février 2011 à  11:19 :

        Tout d’abord, j’ai souvent dit tout le bien que je pensais de votre site, la dernière fois c’était dans l’article, Jean Christophe Menu,"dictateur éditorial" de L’Association, répond à ses salariés.Le cinquième commentaire en partant de la fin.
        Les éditions Charette.
        Depuis que nous nous sommes parlés au téléphone Loïc et moi, je ne crois pas qu’il ferait de moi le portrait d’un dépressif aigri, ou d’un type qui pense et dit n’importe quoi.Comme je suis une personne équilibrée et que je ne confond pas le réel et le virtuel, j’ai commencé par lui présenter des excuses pour le cas ou mes propos l’auraient blessé. Quand je dis qu’il faut aider le lecteur à séparer le bon grain de l’ivraie, son prochain ouvrage sur Beuville(c’est annoncé sur son blog) vient tout à fait illustrer ce que j’essaye de dire.
        La verticalité de la culture.
        C’est un constat que Naulleau rappelle dans son livre "aux secours Houellebecq revient", et qui est selon moi occupé à tuer la culture de la bande dessinée et dans la bande dessinée.
        Cette analyse consiste à expliquer qu’années après années, couches après couches l’origine d’une oeuvre s’évapore et se dilue, et qu’il faut toujours aller rechercher dans le passé ce qui a été fait, non pas par passéisme ou par nostalgie, mais aux fins de s’abreuver à la bonne source de l’inspiration de créateurs qui ont un jour réellement inventé quelque chose. Des exemples : le travail d’Heinrich Kley inspira des scènes du fantasia de Disney, le travail de l’illustrateur Arthur Rackham inspira Loisel, les gravures de Durer inspirèrent le génial Franquin, Les sculptures d’Ossip zadkine inspirèrent l’immense Ever Meulen...Etc.
        Aujourd’hui, deux forteresses se font face, l’une, le tout commercial dans lequel on oublie qu’il y a aussi de bonnes choses, l’autre l’extrémisme graphique dans lequel il n’y a pas que des imposteurs. au milieu un panneau ou on peut lire, "on ne se reconnaît d’aucun camp, on va respirer ailleurs, signé, des artistes".

        Quand je compare ce que je connaissais déjà comme culture BD et autres vers 19 ans, grâce aux passerelles que les auteurs que je lisais créaient vers d’autres formes d’art, comme la littérature la musique le cinéma et que je compare avec celle de jeunes étudiants en arts actuellement, je suis souvent consterné. le concept d’un "métier de passionné" doit-il être abandonné ? je voudrais le savoir.
        Le discours de la Boétie(1530-1563) sur la servitude volontaire, qu’il a écrit à 18 ans, vive les jeunes comme lui ! Ne devrait-il pas faire parti du programme scolaire des écoles d’art section bd en l’occurrence ? Quand je vois le nombre d’esclaves qui égrainent leurs chapelets de concessions à Sainte Réussite, ils seraient plus dignes professionnellement d’aller aider dans un hôpital ou de faire le ménage pour des personnes âgées.

        La communautarisation de la société que je résume à, "divisé pour mieux régner", c’est le repli sur soi, c’est voir court, c’est de la myopie intellectuelle.Et pour en revenir à ma chère et tendre bande dessinée que j’adore,
        Je ne crois pas ceux qui voudraient me faire croire que la perspective du nombril réinvente quelque chose dans la bande dessinée actuelle, c’est juste une période d’errances médiocres et de discours factices.
        Mon dernier livre acheté et lu est "la position du tireur couché" de Tardi et Manchette et je lui donne un 8/10. Merci messieurs.

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