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35 dessinateurs pour la paix au Mémorial de Caen

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 24 avril 2011                      Lien  
Au Mémorial de la Seconde Guerre mondiale de Caen a eu lieu ce samedi 23 avril une exceptionnelle première rencontre internationale des dessinateurs de Cartooning For Peace. Rare occasion de montrer qu’un crayon peut être parfois plus puissant qu’un canon.

Nous vous avions parlé déjà de l’exceptionnelle initiative de Cartooning For Peace initiée par Plantu et qui consiste à se faire rencontrer des dessinateurs de tous les pays, y compris entre belligérants. Cette fois, l’éditorialiste du Monde a rassemblé ses gens à Caen, dans le Mémorial de la Seconde Guerre mondiale, avec une exposition et des débats réunissant quelques 35 auteurs de tous les pays.

Parmi eux, on reconnaît les Français Plantu, Aurel, Schvartz,Chaunu et Tignous, le Japonais No-Rio, la Chinoise Xia Lichuan, le Suisse Chapatte, les Israéliens Uri Fink, Avi Katz et Michel Kichka, les Palestiniens Khalil Abu-Arafeh et Boukhari , le Russe Ziatkosky, la dessinatrice turque Ramize Erer, les Portugais Antonio, Cristina Sampaio et Brito, le Canadien Bado, les Belges Kroll, Vadotet Cécile Bertrand, les Iraniens Mana Neyestani et Firoozeh, le Malgache Pov, l’Américain Dantziger, le Suédois Riber, le Marocain Khalid Gueddar, le Burkinabe Damien Guiez et d’autres.

35 dessinateurs pour la paix au Mémorial de Caen
Jean Plantu
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Leila Shahid devant un dessin de Michel Kichka
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Plantu dit de ces dessinateurs que « ce sont tous des combattants » soulignant l’exemple de Khalid Gueddar condamné à une lourde amende et à 6 mois de prison avec sursis parce qu’il avait osé caricaturer le roi du Maroc. «  Les journalistes caricaturent bien souvent la réalité, constate-t-il et, de leur côté, les caricaturistes montrent parfois la voie de la réalité. »

Leila Shahid, représentante de l’Autorité palestinienne auprès de l’Union Européenne abonde dans son sens : elle se montre optimiste quand elle considère le chemin que prend la paix dans l’esprit des citoyens, qu’ils soient palestiniens ou israéliens, et pessimiste quand elle considère le chemin que prend la paix dans les chancelleries. Elle avoue avoir du plaisir à rencontrer ces dessinateurs car à Bruxelles, où elle représente l’Autorité palestinienne, elle a rarement l’occasion de « prendre l’air » : « Il faut parfois relativiser la tragédie car on peut devenir aveugle à la souffrance des autres » remarquait-t-elle.

Michel Kichka, Khalil Abu-Arafeh, Leila Shahid, et Boukhari
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Michel Kichka constate quand même une évolution : jamais une telle rencontre entre artistes israéliens et palestiniens avec une quelconque autorité politique n’aurait pu se faire il y a vingt ans.

Un des moments intéressants de la journée s’est passé lors d’une confrontation de dessins entre le dessinateur palestinien Boukhari et le dessinateur israélien Uri Fink. On avait demandé à l’un et à l’autre d’imaginer leur pays dans la paix. Ils ont chacun eu une idée semblable. Le premier a imaginé une grande haie face à laquelle un Palestinien explique aux touristes que là se situait le Mur de séparation construit par l’état d’Israël. Le second, montre un kiosque à souvenirs avec des « morceaux du mur » et tout un lot de marchandises parlant d’une époque révolue. «  J’ai eu cette idée parce que, comme je suis juif, je pense à l’argent  », ironise Uri Fink. Plantu l’interrompt : « Vous vous imaginez si j’avais utilisé ce cliché dans Le Monde ? Je serai viré dans les cinq minutes ! » Fink : « Je suis allé à Berlin peu après la chute du mur. J’ai été frappé par l’allégresse que cela évoquait, par le merchandising développé autour de cet évènement. C’était la Guerre Froide, on imaginait qu’elle n’allait jamais finir. Et pourtant, c’est arrivé. »

Dessin de Boukhari
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Le dessin d’Uri Fink
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Parmi les autres personnalités présentes, on remarquait Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l’Orient, le philosophe Régis Debray, la journaliste Isabelle Fougère, le photographe iranien Reza… Une jolie brochette d’experts des mots et de l’image pour parler de la paix dans une journée mémorable.

No-Rio et Uri Fink
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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2 Messages :
  • 35 dessinateurs pour la paix au Mémorial de Caen
    25 avril 2011 22:45, par Laurent Colonnier

    Le curé du Monde a encore frappé. C’est un peu pitoyable cette envergure qu’il essaie de se donner, pour un type qui n’a pas fait un bon dessin depuis 20 ans et qui n’est jamais drôle, il serait bien inspiré de moins la ramener.

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    • Répondu par Matthieu V le 27 avril 2011 à  16:44 :

      Je ne vous comprends pas. Organiser une rencontre entre dessinateurs de presse, c’est essayer de se donner de l’envergure ? Que vous n’aimez pas Plantu, c’est une question de gout (ou de mauvais gout) et chacun les siens, mais planter un commentaire comme celui-la alors que l’expo a lieu et reunit du beau monde... Plantu ne la "ramene pas", il n’en a pas besoin : ses collegues sont la pour lui montrer l’estime qu’ils ont pour lui et son projet, non ?

      Au fait, merci de signer de votre nom, ca m’a permis de decouvrir vos dessins. Eux aussi sont pas mal :-)

      Répondre à ce message

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