Souvent méconnue côté francophone, faute de traductions, la bande dessinée flamande regorge de jeunes talents. Michaël Olbrechts, ancien étudiant de l’Institut Sint-Lukas de Bruxelles, est l’un deux. Pour De Allerlaatste Tiger, il avait reçu le prix du meilleur premier album au festival néerlandais de Silvester 2013-2014. 44 après Ronny est son premier travail disponible en langue française.
Cet album plein de poésie raconte ce qui devait être la dernière belle journée du vieux Louis, victime d’un accident cérébral et que son épouse s’est enfin résolue à envoyer en maison de retraite. L’histoire relate la fête donnée pour l’occasion, qui devait être celle du papy à l’esprit déjà très absent, et qui ne se passe absolument pas comme prévu, les problèmes de chacun ressurgissant au pire moment : la mère n’arrive pas à gérer les conflits d’ego des petits-enfants, le frère de Louis fait ressurgir un vieux traumatisme familial fondateur de tous les malaises de cette famille et que l’on avait préféré laissé enfoui sous le tapis.
L’ambiance est plus amère que douce : on parle du papy au passé et à la troisième personne devant lui, on se crêpe le chignon, la reconstitution historique donnée en son honneur tourne au fiasco, etc.
Plus que la nostalgie, l’ensemble respire la sympathie pour des personnages imparfaits et terriblement humains. Malgré quelques maladresses, le dessin est très expressif et les couleurs sont très réussies, avec des teintes vives comme les souvenirs des différents personnages. Nul cynisme pour autant, le ton est celui que l’on retrouve dans Un Air de famille, tendrement désabusé et surtout parfaitement juste !
(par Tristan MARTINE)
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