C’était émouvant. D’abord parce qu’on y retrouvait des visages que l’on n’avait souvent pas vus depuis longtemps et qui sont des figures majeures de la bande dessinée belge.
En premier lieu André-Paul Duchâteau, 91 ans, le scénariste de Ric Hochet et de tant d’autres séries, qui a été un temps directeur littéraire des éditions du Lombard. Celui qui avait commencé sa carrière d’écrivain à 15 ans sous l’aile de Stanislas-André Steeman, l’auteur de L’Assassin habite au 21, était là, bon œil, (moins bon) pied, nous confiant qu’il livrait encore chaque semaine une petite nouvelle policière à Télé 7 jours.
Il y avait aussi Dino Attanasio (91 ans lui aussi), le créateur du Signor Spaghetti (avec Goscinny au scénario), dessinateur de Bob Morane et de bien d’autres albums, habillé de rouge et de lunettes noires qui lui donnaient l’élégance raffinée d’un padrone napolitain.
Et puis les grandes figures historiques de la maison : Grzegorz Rosinski, Cosey, Derib, Dany, Turk & De Groot, et des centaines d’autres (entre 800 et 1000 personnes).
Il y eut le moment des discours : après une (très) brève intervention du directeur du Lombard Gauthier Van Meerbeeck, François Pernot, directeur général de Dargaud-Lombard dédia la soirée "avant tout aux auteurs" en retraçant facétieusement un historique d’une maison dont l’aventure illustre l’âge d’or de la BD belge.
Puis la parole fut passée à Vincent Montagne, le président de Média-Participations, la holding qui contrôle Le Lombard, Dargaud, Dupuis, Kana, Urban et bien d’autres labels de la maison et qui fête cette année ses 30 ans également.
Le fils de Rémy Montagne, l’homme politique, éditeur et avocat, affilié à la famille Michelin à l’origine de la création de Média-Participations, expliqua comment son père négocia le rachat du Lombard à Raymond Leblanc : "C’étaient deux Européens convaincus qui partageaient les mêmes valeurs." Il en profita pour faire, avec une émotion palpable, le portrait de ce condottiere : un visionnaire et un personnage impressionnant qu’il rencontra à de nombreuses reprises lorsque, tout jeune manager, il était entré au contrôle de gestion de la maison de l’avenue Paul-Henri Spaak.
Puis vint l’heure du gâteau, une imposante pièce montée (sans pin-up à l’intérieur cependant, ce n’est pas le genre...) que les convives s’arrachèrent avant de se perdre dans des conversations jusqu’au bout de la nuit.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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