Lancé en 2013 dans le Bessatsu Shônen Magazine (L’Attaque des Titans, The Heroic Legend of Arslan) de Kôdansha, Abyss signé de Ryuhaku Nagata, compte à ce jour cinq tomes et s’inscrit dans la mode des mangas dits de Survival où un groupe d’individus se retrouve à lutter pour sa survie en fonction d’une plongée dans un environnement hostile ou d’un jeu macabre, voire les deux, ce qui est un peu le cas ici.
Le récit débute lorsque notre héros, Hibiki Dan, reprend connaissance dans un souterrain, sans se souvenir de son ancienne vie. Il se trouve presque immédiatement attaqué par un monstre tout droit sorti d’un cauchemar, bien nommé Eatman, et il ne doit son salut qu’à l’intervention d’un groupe d’individus qui sont dans le même cas que lui.
Outre un univers clos composé de couloirs, de salles et de portes (qui heureusement résistent aux monstres !), nos apprentis-survivants doivent également apprendre à composer avec des objets nommés « trigger » : chacun d’entre eux en possède un qu’ils sont les seuls à pouvoir utiliser. En effet, il n’est pas possible d’utiliser celui de quelqu’un d’autre...
Chaque trigger donne accès à un pouvoir particulier, et la dynamique de l’action se construit autour de leur utilisation commune et coordonnée, ainsi qu’à une prise en compte des spécificités de l’environnement. Bref, ces objets véhiculent la dimension stratégique du récit.
Ce premier tome joue à fond la carte de l’action et de la mise en œuvre de ces triggers. Sans temps mort, nous enchaînons les « secteurs » que nos héros passent en élaborant diverses stratégies, de plus en plus audacieuses, tout en rencontrant d’autres survivants, mais aussi en comptant déjà leurs morts.
Le récit développe peu ou pas ses personnages pour le moment. Ils se résument à leur rôle fonctionnel en lien avec leur trigger. Seul Hibiki se trouve véritablement mis en avant en étant l’auteur de toutes les stratégies mises en œuvre, ce qui donne un récit pour l’heure très centré sur son héros. On appréciera plus ou moins.
Un choix donc orienté action et non psychologie offrant des avantages comme des inconvénients. Le point fort de ce premier tome, nous l’avons déjà évoqué, réside dans son action dynamique qui nous plonge brutalement dans l’horreur, sans répit pour les personnages comme pour les lecteurs.
Cependant pour qu’un Survival puisse fonctionner sur la distance, de la tension et des relations entre les personnages se doivent d’être développées. Des amorces sont disséminées ici et là, autour d’une réflexion ou d’un regard : il faudra cependant attendre le second tome pour voir la façon dont le mangaka va véritablement s’y atteler, surtout que les « victimes » se devinent bien facilement pour le moment.
La partie graphique quant à elle s’avère relativement sommaire, nous ne pouvons pas dire que le trait de Ryuhaku Nagata soit particulièrement précis ou élégant. Les personnages se révèlent génériques, mais les décors et les monstres relèvent un peu le niveau et contribuent efficacement à l’ambiance. Comme souvent dans ce genre d’œuvre, c’est le découpage et la clarté de l’action qui bénéficient de l’attention de l’auteur, et à ce niveau, le récit se déroule de façon fluide et entraînante.
Notons au niveau de l’édition, une couverture en relief qui fait son petit effet.
(par Guillaume Boutet)
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