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Adrien Floch ("Les Naufragés d’Ythaq") : « Lorsqu’on veut faire du Space Opera, il faut constamment se renouveler »

Par Charles-Louis Detournay le 26 juin 2014                      Lien  
Le dessinateur de l’une des meilleures séries de Science-Fiction du moment revient sur le nouveau cycle qu’il a lancé avec Christophe Arleston. De quoi raviver un genre déjà bien exploité !

Alors que le premier cycle de neuf tomes laissaient souvent Les Naufragés d’Ythaq en plein suspens, il semble que les deux premiers tomes de ce second cycle puissent être presque lus comme des one-shots, bien que pas mal d’éléments les relient. Était-ce une volonté de votre part de pouvoir lire chaque album également comme un récit indépendant ?

Adrien Floch ("Les Naufragés d'Ythaq") : « Lorsqu'on veut faire du Space Opera, il faut constamment se renouveler »

Oui, le second cycle est moins linéaire que le premier, dans lequel nous suivions les péripéties de notre groupe de personnages naufragés sur la mystérieuse Ythaq.. Maintenant, même s’il est toujours question de cette planète, nos héros ne s’y trouvent plus. Il y a beaucoup de nouveautés : entre autres, le groupe est séparé et est impliqué dans une intrigue complexe dans laquelle apparaissent pas mal de nouveaux personnages importants ! Dans un souci de clarté, Christophe [Arleston] a préféré écrire ces derniers tomes un peu comme des one-shots, afin de faciliter l’assimilation de ces nouvelles informations. Mais, je pense qu’il ne faut pas trop s’habituer à ce type de fin, car Christophe a également un faible pour les rebondissements de la dernière minute !

Votre héroïne Granite se prend donc au jeu de l’espionne intergalactique : vouliez-vous explorer plus en profondeur les mondes et les rouages politiques de la Confédération ?

La dimension politico-médiatique occupe une grande place dans ce nouveau cycle.. Maintenant que nos héros ont trouvé un moyen de quitter la planète Ythaq, ils vont devoir la préserver de toutes les convoitises qu’elle suscite vis-à-vis de ceux qui ont appris son existence et sont tentés d’en tirer d’immenses profits. Granite, Callista et Narvarth sont donc confrontés aux rouages politiques de la puissante fédération intergalactique, à l’intérieur de laquelle se joue une bataille sans merci entre différents chefs de partis qui cherchent à prendre le pouvoir.

Cette nouvelle aventure vous permet également de pouvoir inventer un nouveau monde, presque entièrement aquatique, ainsi qu’un nouveau bestiaire. Aimez-vous vous retrouver face à ces défis ?

C’est vrai que c’est une des aspects les plus importantes lorsqu’on veut faire du Space Opera : on doit se renouveler constamment surtout lorsqu’on visite des planètes, on cherche de nouveaux décors, des personnages extra-terrestres variés et des créatures originales afin de donner une vision exotique du récit. Cela fait partie du genre.

Christophe et moi sommes passionnés de science-fiction : d’une certaine façon, nous rendons hommage à la littérature et au cinéma dans ce domaine qui nous ont beaucoup inspirés ! Par ailleurs, je suis un grand fan de la série Valérian. C’est pour moi un des grands chefs d’œuvres de la SF et qui m’a beaucoup influencé depuis que je suis gamin, par l’extraordinaire inventivité de Pierre Christin & Jean-Claude Mézières. Lorsqu’ils font voyager Laureline et Valérian, c’est toujours à travers des univers incroyablement peuplés, cosmopolites, avec des créatures plus variées les unes que les autres ! Un must !

En plus du bestiaire, le jeu des personnages est important, car ils sont le fil rouge de la série. Ces derniers tomes semblent d’ailleurs plus sensuels que les précédents.

C’est vrai qu’il y a plus de sensualité dans ces derniers tomes mais ce n’est pas non plus complètement gratuit. La situation était déjà latente depuis le tome 1 de la série, car il s’agit quand même d’un trio amoureux. Nos personnages évoluent, et leurs sentiments aussi ! Tout cela complexifie leur relation et amène également beaucoup de tension entre eux. Et c’est aussi ce qui les rend aussi attachants qu’humains finalement.

Un prémice du prochain tome 12 à paraître à la rentrée...

Une autre grande innovation du tome 11 réside dans les costumes des personnages féminins. Pour se prêter à la mission, les robes alternent avec des tenues plus sportives.

J’aime créer des nouveaux costumes pour mes personnages en fonction des circonstances. Granite et Danaelle jouent les agents secrets en uniforme sportif moulant afin d’évoluer dans un monde aquatique dans un premier temps, avant d’enfiler des robes de soirées pour un gala en l’honneur de la princesse Calcyte de Phrogée dont Granite a usurpé l’identité. Et puis n’étant jamais satisfait de mes dessins, j’ai tendance, même lorsque je suis convaincu par un nouveau costume, à vouloir le changer dans l’album suivant. C’est presque compulsif.

On sait que vous travaillez étonnement rapidement. Auparavant, le lecteur des Naufragés d’Ythaq était assuré d’avoir plus d’un album par an. Maintenant que la série est installée, vous ne respectez plus cette échéance annuelle. Est-ce que vous en profitez pour travailler sur d’autres choses ?

C’est vrai qu’on a enchaîné les albums au début ! Cela nous a permis de lancer la série en lui donnant un maximum de chances de trouver son public. Mais la méthode est aussi risquée, car on ne peut pas continuer sur le même rythme sans prendre le risque de s’épuiser, de manquer de ressources et de recul sur le travail que l’on réalise. J’ai déjà été mal à l’aise lorsqu’un album dont je trouvais certaines planches assez limites, sortait en librairie. À ce moment-là, on se sent impuissant et on n’a pourtant pas d’autre choix que de l’assumer. Aujourd’hui que la série est bien installée, je préfère prendre mon temps pour continuer à réaliser les albums, ce qui permet aussi de préserver le plaisir que j’ai en les dessinant.

Un prémice du prochain tome 12 à paraître à la rentrée...

Savez-vous déjà comment vous allez orienter le tome12 ?

Oui, et il y aura de grosses surprises ! J’étais vraiment impatient de le dessiner car c’est une histoire qui se déroulera quasi-exclusivement dans l’espace et nous rendrons là, hommage à quelques grands films de Science-Fiction qui nous ont marqués.

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire nos précédentes interviews dAdrien Floch :
- "Certaines histoires nécessitent une parution rapide" (Janv 2008)
- « Le récit prime sur le format » (Oct 2011)
- « "Les Naufragés d’Ythaq" bascule dans le Space Opera »
Lire nos chroniques des précédents tomes des Naufragés d’Ythaq : 1 ; 3 ; 4, 5 et 6

 
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