Après le jeu vidéo et la bande dessinée, le groupe Ankama est décidément bien implanté dans le secteur du magazine puisqu’après les lancements de Dofus Mag, Mini-Wakfu Mag et IG Magazine, le groupe chti, via sa filiale Ankama Presse, sort son périodique de pré-publication de mangas (le prix de lancement est de 4,95€ en kiosque).
Le principe : sept créations originales, un système de votes pour garder les meilleurs, les moins plébiscités dégagent au profit d’autres séries. Les scénaristes sont français, les dessinateurs japonais. Savan, l’un des dessinateurs, s’est même lancé le pari d’assurer deux séries en même temps. Le bougre doit donc pondre 40 planches chaque mois.
En bonus, les fans de la série animée Les Chevaliers du Zodiaque peuvent à nouveau admirer le style de son character designer Shingo Araki, l’homme qui a rendu digeste le trait shojo et ampoulé du mangaka Masami Kurumada en l’adaptant pour la télévision. Araki, dans son style très identifiable, livre ici un joli manga onirique, et tout en aquarelle.
La qualité de ces séries est assez inégale, mais ce sera aux votes des lecteurs de se prononcer. Parmi les bonnes surprises, la série Terminus de Katsura Takada, chronique mélancolique et attachante, suivant l’étudiante Kaede dont le cœur est chamboulé par un inconnu, quelques mois avant qu’elle se jette sur les rails devant un train.
De son côté, le très sombre Agents suicides de Shino, et son trait agressif et nerveux, nous plonge dans les pérégrinations glauques du jeune Iberico Sanchez, dont la famille a été tuée par sa faute, et qui se retrouve recruté par une mystérieuse secte.
Plusieurs genres cohabitent (un shonen avec des ninjas, une histoire d’anges, des thrillers...) dans un périodique nous ramenant aux belles heures des revues françaises de prépublication mangas, Kaméha Magazine (Glénat) ou Manga Player (Média Système Edition, futur Pika Edition).
Après le choc du tsunami au Japon, qu’en est-il des auteurs publiés dans le magazine ? La rédactrice en chef Bounthavy Suvilay nous rassure : "Les Japonais nous ont tenu au courant dès qu’Internet a fonctionné. Savan nous a même envoyé un dessin expliquant le tremblement de terre tel qu’il l’a vécu, Katsura participe au collectif de CaféSalé pour l’artbook collectif Magnitude 9, Midori nous a dit par Facebook "I’m living" ou quelque chose du genre".
Concernant, de façon plus générale, l’avenir de la revue, la rédactrice en chef poursuit : "Le magazine reste mensuel mais on a eu pas mal de problème avec les guests et les rendus. On devait avoir un guest pour le numéro 3, mais on n’a pas eu la réponse et les fichiers à temps. Du coup, le guest paraît dans le numéro 4. La suite des guests sera sans doute pas mal perturbée aussi... De même, on a eu des problèmes avec les couvertures. Normalement, on met en couverture le manga en tête de classement. Mais avec le retard accumulé et les événements au Japon, on a décidé de mettre en place un "roulement" avec les illustrations des autres manga afin de ne pas retarder plus le mangaka".
À l’instar des organisateurs [1] du prochain TGS Ohanami, salon toulousain orienté culture japonaise, qui nous avouaient maintenir les festivités prévues d’un commun accord avec les partenaires culturels, la rédaction d’Akiba Manga souhaite poursuivre le but initial. Bounthavy Suvilay toujours : "Pour la suite, nous restons mensuel même si c’est très difficile pour tout le monde de tenir les délais. Nous n’allons pas consacrer de numéro spécial aux événements du Japon, mais nous avons un article sur les réactions des éditeurs Jeux Vidéo après les événements dans le numéro 4".
(par Thomas Berthelon)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
[1] Sébastien Laurens, gérant et responsable du salon TGS Ohanami, au micro de l’émission radio « Supplément week-end » : "Nous ne faisons pas un salon pour pleurer, mais nous ne pouvons pas ne rien faire par rapport à ce qui s’est passé. Il y aura un stand de la Croix Rouge, dans une partie du salon appelé "Voyager au Japon", en partenariat avec des agences de voyage. Les Bureaux de représentation des villes d’Osaka et de Tokyo ont souhaité ne rien annuler, leurs stands auront un but informatif par rapport aux évènements".
![Serge Monfort : « En lisant, l'enfant devient le chien, comme il deviendrait chevalier dans une BD médiévale ! » [INTERVIEW]](local/cache-gd2/07/a53eabf15a5df16adbd03466676855.jpg?1713070409)
