Remis sur pied, Albert Uderzo était tout sourire hier soir dans la résidence de son excellence l’ambassadeur de sa Majesté la Reine des Pays-Bas, M. Hugo Siblesz. L’année dernière, le dessinateur d’Astérix avait appris que le Centre de la bande dessinée néerlandaise, Het Stripschap, avait obtenu, avec le soutien d’un bon nombre de personnalités hollandaises éminentes, que lui soit remise cette prestigieuse distinction créée en 1815 par Guillaume 1er d’Orange-Nassau, rarement accordée à un étranger. Mais une opération chirurgicale l’avait empêché d’aller chercher lui-même la royale insigne. Suivant le protocole, c’est donc l’Ambassadeur de la Reine de Hollande en France qui la lui a remise.
Vertus Nobilitat
La cérémonie s’ouvrait sur les discours des membres du Stripschap et autres spécialistes hollandais d’Astérix qui ont expliqué les raisons qui justifiaient ces honneurs. L’ambassadeur ne manqua pas de souligner que les aventures d’Astérix s’étaient vendues par millions aux Pays-Bas et combien elles avaient favorisé le rapprochement des peuples européens. Albert Uderzo, avec sa simplicité coutumière, remercia Sa Majesté la Reine pour les honneurs qui lui étaient rendus et ne manqua pas d’y associer son complice de toujours, le scénariste René Goscinny, co-créateur du petit gaulois. Il raconta que le ministre français de la culture, M. Donnedieu de Vabres, lui avait fait part de son étonnement qu’une telle distinction soit accordée à un non-Néerlandais, avant de l’en féliciter.
Détail amusant : sur l’insigne, composée d’une croix blanc, bleu et or bordée des initiales de Guillaume 1er et coiffée de la couronne royale, on peut y lire une devise en… latin : Vertus Nobilitat (la vertu ennoblit), une sentence que l’on croirait sortie toute droite de la bouche de Triple-Pattes, sinon de celle de Jules ! La cérémonie s’est close par la remise d’un bouquet de tulipes hollandaises, oranges évidemment, que notre dessinateur s’est empressé d’offrir à son épouse Ada, apparemment très émue elle aussi.
Un nouvel Astérix ?
Interrogé par des journalistes, Albert Uderzo expliqua que ce n’était pas l’envie qui lui manquait pour faire un nouvel Astérix, mais qu’il lui fallait trouver une histoire et que cela lui était de plus en plus difficile. L’un d’entre eux lui suggéra d’envoyer ses Gaulois en Hollande. « Pas mal, comme idée ! », lui répondit le dessinateur.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Photos : Didier Pasamonik
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