Christophe Ferreira a déjà une sacrée carrière dans l’animation : il a travaillé sur Fantômette, sur Les Lascars, sur Ōban Star-Racers et sur Persepolis. Mais il œuvre aussi comme auteur de BD, déjà avec Richard Marazano, sur Le Monde de Milo (Dargaud, 2013), un conte chinois à la sauce européenne. On ne sera donc pas étonné par le look "manganime" de son dessin. Mais cette fois, il se montre un peu plus réaliste et documenté dans cette nouvelle lecture des mythes fondateurs de la pensée européenne.
Marazano est féru des auteurs présocratiques, en particulier les stoïciens et les cyniques, dont la lecture attentive permet de redécouvrir avec surprise des concepts qui restent parfois bien plus pertinents que ceux, formatés et policés de Platon et d’Aristote, inspirateurs de la pensée philosophique occidentale. Dans tout son parcours, de Zéro absolu à Clandestino, en passant par Cuervos, Le Syndrome d’Abel, Le Complexe du Chimpanzé, Le Rêve du pélican, ou Eco Warriors, les scénarios de Marazano sont pétris d’une acuité politique originale et rare dans le petit monde de la bande dessinée.
C’est le mélange de ces deux paramètres qui produit Alcyon, une initiation d’adolescents aux travers des différentes cités de l’antiquité à la quête d’un collier, don d’un dieu malveillant, caché au fin fond de la Phénicie. Il faut à la fois affronter de jour les royaumes qu’ils traversent, et notamment celui des redoutables Spartiates et, la nuit, éviter les pythies mangeuses d’hommes.
Sur leurs traces, des mercenaires envoyés par les intrigants qui ont évincé leurs pères du pouvoir et... leurs pères eux-mêmes, responsables politiques rivaux que la nécessité de récupérer leurs enfants réunit ici. Une jolie série qui ouvre bien des perspectives.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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