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Alex Ross s’expose à Paris

Par Aurélien Pigeat le 5 mars 2014                      Lien  
Du 5 mars au 15 juin, le Mona Bismarck American Center For Art & Culture, à Paris, propose une riche exposition consacrée l'art et la carrière d'Alex Ross, un des dessinateurs majeurs de notre époque dans le monde comics. Cet événement est couplé à la parution chez Urban Comics du magnifique ouvrage retraçant la carrière du dessinateur du côté de DC.
Alex Ross s'expose à Paris
Dessin de mode de Lynette Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center

Né en 1970 dans l’Oregon, puis élevé au Texas, Nelson Alexander Ross, dit Alex Ross, est précocement sensibilisé au monde du dessin et de l’image par sa mère, Lynette. En effet celle-ci étudie dans les années 1940 à l’American Academy of Art de Chicago, là où plus tard Alex Ross lui-même ira se former. Elle devient illustratrice de mode avant d’interrompre sa carrière pour fonder une famille et finalement la reprendre trente ans plus tard.

Enfant, Alex Ross demande souvent à sa mère de lui dessiner certains super-héros et lui-même, très tôt, se lance dans ce type d’exercice. Il rend d’ailleurs hommage à Lynette de multiples façons, lui dédiant l’ouvrage Mythology ou en reprenant le dessin d’une "Batlady", effectué par sa mère encore étudiante, pour une de ses propres représentations de Batwoman.

Durant ses études d’art, entamées à 17 ans, il se trouve fortement influencé par l’hyperréalisme, celui du dernier Dali mais aussi et surtout celui qui se déploie aux États-Unis à la suite de l’expressionnisme abstrait et du Pop Art. Il est également marqué par les œuvres de grands illustrateurs américains comme Andrew Loonis ou Joseph Christian Leyendecker. À la croisée de ces deux univers on trouve naturellement la référence fondamentale concernant l’art d’Alex Ross : Norman Rockwell.

À l’extérieur de l’exposition, le sentiment de découvrir Batman derrière les barreaux
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Hommage à Norman Rockwell
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center

Alex Ross, celui qui rend réel l’irréel

Son diplôme en poche, Alex Ross devient d’abord illustrateur dans une agence de publicité. Mais il entre dans le monde du comics dès ses 19 ans, chez Marvel, avec Terminator : The Burning Earth (une commande) et se fait remarquer grâce à Marvels composé avec Kurt Busiek.

Détail de la couverture réalisée pour Crisis on Infinite Earths. On voit le père d’Alex Ross à l’arrière-plan
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center

S’il commence à être reconnu pour ses gouaches photoréalistes, style et technique qui le distinguent et l’identifient pleinement, sa carrière prend un tour décisif avec Kingdom Come, coécrit avec Mark Waid. Cette mini-série de 1996 est aujourd’hui considérée par les historiens du comics comme signant la fin de L’Âge Sombre et le début de l’Âge Moderne du comic-book [1].

Les talents d’illustrateur d’Alex Ross, même si certains considèrent son style comme "pompier", sont aujourd’hui internationalement reconnus. Son style, immédiatement reconnaissable, vise à rendre réel l’irréel, à donner l’impression au lecteur de côtoyer physiquement, de frôler les super-héros qui sont d’habitude cantonnés à notre imaginaire. Son succès est tel que la catégorie de "meilleur peintre" du Comic Buyer’s Guide Fan Awards fut retirée de la compétition après sept victoires -écrasantes- consécutives d’Alex Ross.

Extrait de l’immense couverture réalisée pour l’édition deluxe de Crisis on Infinite Earths en 1998
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center

Une exposition riche et pertinente

L’exposition proposée au Mona Bismarck American Center For Art & Culture, sous la direction de son commissaire Jesse Kowalski, est organisée par le Andy Warhol Museum, un des quatre musées Carnegie de Pittsburgh.

Sur trois grandes salles nous avons donc l’occasion de découvrir les différentes orientations ainsi que les origines de la carrière d’Alex Ross. Mais aussi certains de ses procédés graphiques, quelques-unes de ses influences. Les œuvres présentées alternent entre des impressions sur toile, de vastes panneaux, des gouaches sur papier, des lithographies et des dessins, notamment des réalisations d’enfance.

A l’entrée de l’exposition, un grand panneau situant les grandes étapes de l’histoire du comics
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Flash et Green Lantern
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Quelques dessins réalisés autour de 13 ans
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Illustrations dédiées à Wonder Woman
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Un masque de Spider-Man afin de percevoir exactement les mouvements des lignes de celui-ci en fonction des expression du personnage
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Plastic Man et Captain Marvel, deux héros que chérit particulièrement Alex Ross
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Illustrations dédiées au Joker
© Alex Ross

Le parcours est simple et déborde le cadre strict des productions DC. Après un introduction à l’univers des comics les réalisations d’Alex Ross sont classées en fonction des héros concernés. Des éléments de contextualisation et d’explication sont fournis, sur les influences et la technique notamment.

Certaines œuvres sont ainsi judicieusement mises en regard : certaines évidentes et connues comme la pochette de Bohemian Rhapsody, album de Queen, sur le JLA : The Original Seven ; d’autres plus étonnantes comme un Avengers face au Peace Corps de Norman Rockwel.

Retiennent particulièrement l’attention les dessins d’enfant. L’âge de leur réalisation frappe déjà : certains alors qu’Alex Ross n’avait que 4 ans ! Surtout, l’évolution de ses propres inventions en matière de comics, entre 10 ans et 13 ans, sidère tout bonnement.

Un immense panneau représentant Superman
© DC Comics
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Les Avengers trônent majestueusement dans le décor du Mona Bismarck American Center For Art & Culture
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Mise en regard de Rockwell et Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
En vis-à-vis, deux comics réalisés par Alex Ross, à 10 et 13 ans. L’évolution des mêmes planches sur la période est flagrante
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
À gauche, la "batlady" réalisée par Lynette Ross dans les années 1940 ; à droite la Batwoman d’Alex Ross
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Super-héros dessinés par Alex Ross vers 4 ans
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Charlie Brown à la mode superhéros. À 10 ans
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center
Norman McCay et The Spirit de Kingdom Come. Le père d’Alex Ross servit de modèle au premier
© Alex Ross
Exposition "Super-héros : L’art d’Alex Ross" au Mona Bismarck American Center

Un ouvrage somptueux et éclairant

En complément de ces découvertes, le volume Mythology, par Chip Kidd et Geoff Spear, publié chez Urban Comics - 336 pages au prix de 39 euros - se révèle une mine extraordinaire. Outre les reproductions des travaux du dessinateur on y trouve de nombreux croquis, des dessins préparatoires et différents textes explicatifs d’Alex Ross lui-même sur ses choix et ses méthodes.

Présenté comme le catalogue de l’exposition, le volume déborde celle-ci très largement en proposant un matériaux faramineux, mais tout en négligeant pourtant certains de ses éléments, notamment ce qui relève de l’univers de l’éditeur Marvel, mais aussi certains des éléments d’enfance qu’on ne peut donc observer qu’à l’exposition. Manque sans doute aussi un sommaire pour se repérer dans l’ensemble.

Mais la masse d’information est telle, et les sortes de dossiers constitués si passionnants, qu’on passe rapidement sur ce désagrément. Ainsi, on notera particulièrement un beau passage consacré à Uncle Sam et surtout une sorte de reportage portant sur la technique du dessinateur, fondée sur la photo et sur le travail avec ses modèles. Véritablement passionnant.

Exemples de photos à partir desquelles Alex Ross travaille
© Alex Ross
Croquis et dessin
© Alex Ross
Du noir et blanc à la couleur
© Alex Ross
Autour d’Uncle Sam
© Alex Ross
Portrait du Joker
© Alex Ross

(par Aurélien Pigeat)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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- Visiter le site du Mona Bismarck American Center For Art & Culture

- Se rendre à l’exposition : du 5 mars au 15 juin, au Mona Bismarck American Center For Art & Culture, 34 Avenue de New York, 16ème arrondissement de Paris. Du mercredi au dimanche, de 11h à 18h, excepté les jours fériés. Tarif plein : 7 euros. Tarif réduit (enfants de 12 à 17 ans, chômeurs, seniors de plus de 60 ans) : 5 euros. Gratuit pour les moins de 12 ans.

Photos : Aurélien Pigeat

[1On découpe en général l’histoire du comics en périodes appelées "Âges". Ainsi l’Âge d’or, entre 1938 et 1945, l’Âge d’argent de 1956 à 1970, l’Âge de bronze de 1970 à 1985, l’Âge sombre de 1985 à 1996 et enfin l’Âge Moderne de 1996 à nos jours. La période d’après 1954 fut marquée par le Comics Code Authority tandis que celle avant 1938 est parfois appelée dans certains cercles étudiant le pre-comics, l’Âge de platine.

 
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