Tranquille Courage est votre première bande dessinée. Comment avez-vous été associé à la réalisation de cette histoire forte et poignante ?
Il y a un peu plus de deux ans, je suis allé au Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême pour y rencontrer des éditeurs. J’avais réuni différents aspects de mon travail dans une dossier, dont de nombreux travaux réalisés lorsque j’étais étudiant à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles. Les éditions Bamboo étaient intéressées par mon graphisme et m’ont parlé de Tranquille courage, une histoire en recherche de dessinateur. Ils m’ont proposé de réaliser des essais. J’ai lu le scénario d’Olivier Merle dès que je l’ai reçu. Au-delà la Seconde Guerre mondiale et de ses aspects dramatiques, l’humanité qui ressortait de ce récit m’intéressait. Cette histoire s’étant réellement passée, j’avais d’autant plus de facilité à entrer dans l’ambiance.
Avez-vous été sur place pour réaliser des repérages ?
Bien sûr. Je suis allé en Normandie où réside la famille d’Auguste, le personnage central du récit qui a caché Weston, l’aviateur américain. Elle m’a montré les endroits importants de cette histoire hors du commun. J’ai rencontré René, le narrateur de Tranquille courage. Il a vécu tous ces événements lorsqu’il était enfant ! Olivier Merle raconte l’histoire du grand-père de sa femme. Malheureusement, Weston vit aux États-Unis. L’éloignement a rendu la rencontre difficile. Olivier Merle lui a envoyé l’ouvrage. Weston s’y est retrouvé. Cela nous a fait plaisir !
Êtes-vous intervenu dans l’écriture proprement dite de l’histoire ?
Non. Mais à partir du découpage esquissé où Olivier me fait part de sa vision, je suis juste reparti sur d’autres bases, car je n’ai pas le même vocabulaire graphique et narratif que lui. J’ai mis l’accent sur des points qui me tenaient à cœur. C’est avant tout une question de ressenti personnel, d’interprétation. Je lui ai évidemment soumis ce nouveau story-board. S’il y a des divergences de vue, nous dialoguons pour trouver un compromis.
Les couvertures des deux albums marquent par leur impact visuel. Les couleurs orange et jaune-ocre prédominent…
Oui. Je travaille les couleurs par ambiance, et par instinct ! Ces tons m’ont interpellé lorsque j’ai commencé à réfléchir aux couvertures. Ils donnent une belle intensité au graphisme.
Ce diptyque a reçu un excellent accueil dans la presse.
Nous sommes aux anges ! Nous ne nous attendions pas un retour aussi positif. Cela nous donne encore plus de motivation pour notre prochain projet, Canal, qui sera une histoire d’aventure contemporaine. Le sens de l’amitié et le côté humain des personnages seront toujours très présents. C’est quelque chose qui nous touche et que nous tenions à maintenir dans notre nouvelle série qui sera plus en phase avec mon univers. En effet, l’historique n’est pas mon domaine de prédilection. J’aime avant tout dessiner le contemporain. Tranquille courage a donc été un challenge dans ce sens-là, et j’ai beaucoup appris sur la précision, la justesse historique, la recherche documentaire.
Vous avez travaillé en atelier avec Mauricet, le dessinateur de Basket Dunk.
Effectivement. On s’entend à merveille, tant sur le plan professionnel que privé. On travaille l’un en face de l’autre et dès que je suis confronté à une hésitation ou à un problème, je lui demande ce qu’il en pense. Il a parfois un point de vue différent du mien, mais cela me permet d’avoir plus de recul. Cet échange et cette émulation sont réciproques.
Quel est l’album qui t’a donné envie de faire de la bande dessinée ?
J’ai bien sûr lu les Astérix et d’autres bandes dessinées classiques. Mais j’ai vraiment eu envie d’en faire mon métier lorsque j’ai vu le travail de Chistopher Bachalo sur Steampunk. Cette découverte a été une vraie claque graphique !
(par Nicolas Anspach)
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Lire l’interview d’Olivier Merle : "La Seconde Guerre mondiale, ce n’était pas la Grande Vadrouille !" (Juin 2010)
Lire les chroniques du T2 et du T1 de Tranquille courage.
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Photo : © Nicolas Anspach
Illustrations : © Tefenkgi, Merle & Bamboo.