Aux commandes du destin de l’équipe cosmique depuis 2012, le scénariste Brian M. Bendis n’a pas laissé place vacante après le crossover Secret Wars de Jonathan Hickman : Bendis continue donc dans cette nouvelle série de raconter la continuité de ses précédentes intrigues, tout en incorporant les changements globaux introduits par le nouvel univers Marvel.
La composition de l’équipe varie quelque peu : aux côtés des habituels Rocket Raccoon, Groot, Drax et Venom (ce dernier ayant déjà été intégré à l’équipe lors de la précédente série), on retrouve désormais Kitty Pryde et la Chose.
Si la Chose avait besoin de compagnie à cet instant précis pour vivre quelques aventures (la série des Quatre Fantastiques n’existant alors plus, Reed et Susan Richards étant alors en probable voyage d’exploration cosmique depuis la fin de Secret Wars), le cas de Kitty Pryde faisait alors un peu plus débat...
En effet, la célèbre X-Woman intangible est un personnage que Bendis a beaucoup mis en avant lors de la période où il était à la tête de l’univers mutant, notamment dans la série All-New X-Men. Laissant définitivement derrière lui cet univers durant l’année 2015, il a quand même emmené dans son sillage en direction de l’espace la populaire leader mutante (non sans lui avoir créé préalablement une idylle assez étonnante de prime abord avec Star-Lord lors d’un crossover précédent, Le Procès de Jean Grey). Quelques amateurs des X-Men voyaient ainsi un nouveau personnage populaire s’épanouir sous d’autres horizons, à une époque où la promotion des X-Men n’était pas une priorité éditoriale chez Marvel...
Cette fine équipe se retrouve donc à gérer les conséquences de leurs péripéties précédentes : Peter (Star-Lord) est devenu le nouveau roi élu de Spartax, succédant ainsi à son père, mais laissant par la même occasion derrière lui les Gardiens de la Galaxie. Ces derniers, conduits par Rocket Raccoon désormais, essayent de mener à bien leurs missions habituelles, bien que courroucés par le choix de leur ancien leader. De plus, sans crier gare, une nouvelle menace s’élève des cendres du monde des Krees, civilisation auparavant hégémonique qui a disparu du jour au lendemain à cause des événements récents dans le nouvel univers Marvel...
Autant l’écrire : Bendis ne nous a que moyennement convaincus avec l’intrigue de ce premier album (d’autant plus que sa chute nous a semblé bien simple). En effet, les deux principales menaces qui pèsent sur les Gardiens ou le nouveau royaume de Peter ne sont pas de nature à nous enthousiasmer outre mesure. Par contre, le scénariste commence à organiser dans l’ombre une menace plus globale, plus dangereuse pour nos héros et plus évocatrice aux yeux des lecteurs ; ce qui peut laisser présager d’un meilleur élan par la suite si l’intrigue suit dans son exécution.
Le principal intérêt de cet album à nos yeux a été de retrouver Bendis dans son pur exercice de style, à savoir la mise en avant de l’écriture (ici intéressante) des personnages. En effet, c’est à dessein que le scénariste à récupéré le personnage de Kitty dans la série et cela se ressent très rapidement : son charisme reconnu la pousse rapidement à contester dans les faits le leadership sur l’équipe du vétéran Rocket Raccoon (les passes d’armes entre les deux valent le détour), le statut ambigu de sa relation sentimentale avec Peter amène de son côté des situations cocasses.
Légère déception néanmoins : le traitement réservé à la Chose : très prometteur au début de la série (le scénariste mettant l’accent sur un rêve devenu réalité pour le personnage, pouvant vivre des aventures dans l’espace comme un vrai cosmonaute), le message entourant le personnage est assez vite oublié au profit d’une utilisation principalement utilitaire comme gros bras de l’équipe. Certes, la Chose est mise en valeur dans le feu de l’action, mais on aurait aimé que la série poursuive ce traitement initial qui nous semblait intéressant.
Ce premier album consacré à la nouvelle série des Gardiens de la Galaxie nous a semblé de facture honnête, mais malheureusement peu enthousiasmante. Les personnages sont agréables à suivre, le trait du dessinateur Valerio Schiti les met bien en valeur... mais l’intrigue manque pour l’instant du souffle snécessaire. Une lecture à tenter pour les amateurs de l’équipe des Gardiens, mais aussi pour les nouveaux lecteurs qui aimeraient embarquer quand même dans l’aventure.
(par Romuald LEFEBVRE)
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All-New Les Gardiens de la Galaxie | Empereur Quill. Par Brian Michael Bendis (scénario) et Valerio Schiti (dessins). Traduction de MAKMA/Mathieu Auverdin. Panini Comics, collection Marvel NOW ! Sortie le 13 septembre 2017. 128 pages. 15,00 euros.
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