Italie, juillet 1943. Les armées d’Il Duce sont en déroute, et Giorgio décide de tenir un journal de sa vie sous les drapeaux... ou ce qu’il en reste.
Dans cet album loin des récits héroïques, les soldats n’en peuvent plus d’être trimballés par les ordres venus d’en haut, et tout le monde en Italie sait que la guerre est perdue. L’atmosphère est entre peur de l’ennemi et langueur sous les chaudes journées d’été en Sicile où est posté Giorgio, qui retrouve quelques-uns de ses anciens camarades - du moins ceux qui ont survécu à l’implacable avancée des armées américaines et britanniques.
Piero Macola dresse des portraits attachants d’hommes qui espèrent juste tenir jusqu’à la fin de la guerre, à qui les discours patriotiques et maintenant aussi pathétiques que sinistres tenus pour l’arrière ne font plus beaucoup d’effets. Il ne les dépeint ni comme des héros, ni comme des lâches, mais bien comme de simples êtres humains parfois tétanisés par le bruit et la fureur qui succèdent aux longues périodes d’attentes pendant lesquelles seule la rumeur de la présence de l’ennemi parvient aux oreilles des soldats n’ayant pas encore déserté.
L’inimitié entre les Allemands et les Italiens est aussi mis en scène à travers quelques dialogues et scènes, et celle-ci culminera quand, les Italiens ayant capitulé, leurs anciens alliés décideront de mettre la main sur les restes de l’armée de la péninsule. Giorgio, lui qui a jusqu’à présent réussi à éviter de pointer une arme sur un homme, doit alors faire un choix qui conditionnera les prochains mois de sa vie...
Le dessin de l’auteur est tout aussi fin et subtil que son propos : un trait évocateur, des planches ouvertes où se côtoient paysages italiens et villes dévastées par les bombardements, une bichromie qui rend superbement le soleil de Sicile et l’impression d’oppression ressentie par les soldats en déroute, tout cela crée une ambiance que le lecteur n’est pas prêt d’oublier.
Une fois de plus, Igort et ses presses de Coconino nous proposent un bel album où la condition humaine et ses drames grands et petits sont présentés avec une intelligence qui fait honneur aux auteurs.
(par François Peneaud)
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