En accord avec Jacques Martin, les éditions Casterman souhaitaient la publication d’une nouveauté d’Alix et de Lefranc chaque année. Le but avoué de l’éditeur est de redynamiser ces personnages. Leurs absences répétées des tables de nouveautés leur avaient fait perdre peu à peu son lectorat. Gilles Ratier donne le chiffre des ventes d’Alix dans sa dernière enquête annuelle : 90.000 exemplaires, finalement bien peu pour un classique, dont la renommée est égale à celle de Blake & Mortimer.
Lefranc devait donc dessiné en parallèle par Francis Carin (assisté de Didier Desmit pour les décors) et de Bruno Marchand, Christophe Simon ayant, quant à lui, jeté l’éponge.
Rafael Moralès continuera à dessiner Alix, mais sa rigueur et son souci du détail l’obligent à peaufiner ses planches. Il devient donc incapable de dessiner un album tous les ans. Il est question qu’André Taymans dessine les aventures d’Alix en alternance avec lui.
"L’éditeur m’a d’abord proposé de dessinerLefranc, témoigne le dessinateur. Cette série ne m’éloignait pas de Caroline Baldwin car on y retrouve les mêmes thèmes : le polar et l’aventure réaliste. J’ai donc refusé cette offre alléchante, car je voulais plutôt m’évader de mon personnage.". Par boutade, Le dessinateur confie alors à Jimmy Van Den Hautte, directeur éditorial des collections Martin chez Casterman, qu’il serait tenté en revanche par une reprise d’Alix. Ce dernier le recontacte quelques mois plus tard pour lui proposer de dessiner ce personnage. Taymans explique : "J’ai accepté moyennant deux conditions. Je devais tout d’abord être certain que je sois capable de dessiner le personnage, de rester fidèle au graphisme de la série. Ensuite, je voulais être partie prenante dans le scénario, discuter de la trame, faire des suggestions, intervenir sur le découpage, pouvoir modifier les dialogues, etc. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour avoir un album réussi, dans la lignée du Dernier Spartiate ou des Légions Perdues".
André Taymans a déjà réalisé une vingtaine d’album et ne veut logiquement pas se cantonner à un rôle d’exécutant. "Il y a 50% de chances pour que le projet se réalise, confirme le dessinateur. Mais, à ce jour, rien n’est encore signé !". Des recherches graphiques ont été présentées au créateur de la série. Mais le Maître acceptera l’intervention de André Taymans dans le scénario ? « Toute le problème est là !, admet André Taymans. J’ai crayonné deux planches, mais Jacques Martin semble avoir un peu de mal à donner une certaine liberté à un autre auteur que lui pour ce personnage ».
C’est d’autant plus paradoxal, que Jacques Martin n’assumera pas le scénario de l’aventure de Lefranc qui sera dessinée par Bruno Marchand. Il a été confié à Alain Hammerstein, déjà l’auteur d’une novélisation des aventures d’Alix. Jacques Martin, âgé de quatre-vingt deux ans, semble vouloir instaurer certes différentes équipes pour assumer le destin de ses personnages, mais en restant, de son vivant, le maître d’œuvre des séries qu’il a créées ! On sait, à ce stade, que cette aventure,La Cité engloutie, se déroulera en Bretagne. Mais on ne sait pas encore sous quel crayon.
(par Nicolas Anspach)
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Les éditions Casterman nous ont demandé de retirer les ébauches graphiques de la reprise « incertaine » d’Alix par André Taymans.
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