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André Taymans : « Avec "La Main de Pangboche", je voulais retrouver l’excitation d’un débutant qui entame son premier album »

Par Charles-Louis Detournay le 21 janvier 2015                      Lien  
Auteur de la série emblématique "Caroline Baldwin", André Taymans laisse un temps Casterman pour les éditions Paquet, histoire de se ressourcer. Il nous explique ce qui l'a motivé à réaliser ce premier album en couleurs directes, avec Roxane, un personne créé en 1998.

André Taymans : « Avec "La Main de Pangboche", je voulais retrouver l'excitation d'un débutant qui entame son premier album »Qu’est-ce qui vous a décidé de travailler avec Paquet ?

Il y a deux ans, j’avais décidé de mettre un terme provisoire à Caroline Baldwin et je suis reparti au Népal avec ma petite famille pour me ressourcer. J’avais un besoin criant de changer d’air et de réfléchir à ce que j’avais envie de faire dans les années à venir. Je ne voulais plus être un code barre dans un catalogue. Je voulais retrouver de vrais éditeurs, des amoureux des livres, retrouver une vraie relation de collaboration comme j’ai pu la connaître à l’époque de Didier Platteau et Jean-Paul Mougin, quand ils étaient l’âme de Casterman.

Cette espèce en voie de disparition, je l’ai retrouvée en la personne de Pierre Paquet. J’ai eu envie de retrouver le plaisir de raconter des histoires sans prétention, chose que que j’avais perdue depuis quelques années. Envie aussi de maîtriser l’album de A à Z pour la première fois de ma carrière. Raison pour laquelle je me suis lancé le défi de le réaliser en couleurs directes.

Vous aviez créé le personnage de Roxane pour Points Image. Qu’est-ce qui vous a donné envie de prolonger ses aventures ?

En réalité, le personnage de Roxane est né en 1998 dans les pages du magazine Okapi à la demande du responsable BD de Bayard Presse de l’époque. Il aimait beaucoup le personnage de Caroline Baldwin que j’avais créé deux ans auparavant pour (A Suivre) et voulait un personnage semblable mais adapté au lectorat "ado" d’Okapi.

La première histoire, Le Traceur de sentiers fut publiée quelques années plus tard en album chez Points Image sous le titre La Traque. N’ayant pas le temps de me consacrer à deux séries de front, j’ai laissé Roxane de côté pour me consacrer à Caroline. Mais depuis lors, il ne se passe pas une séance de dédicaces sans qu’on ne me réclame son retour. J’ai donc, dans un premier temps, décidé de l’introduire en guest star dans les aventures de Caroline qui prenaient la montagne pour cadre (Rendez-vous à Katmandou et Free Tibet).

Comment pourriez-vous caractériser votre héroïne par rapport à Caroline Baldwin ?

Comme Caroline, Roxane n’a plus que son grand-père comme famille. Comme Caroline, c’est une rebelle dans l’âme. Mais les points communs s’arrêtent là. La vie de Caroline est beaucoup plus tourmentée que celle de Roxane, du fait de sa condition de métisse et de sa maladie incurable. La profession d’enquêtrice de Caroline fait qu’elle cherche en quelque sorte les ennuis alors que Roxane subit les événements. De plus, l’existence de Roxane est liée fortement à la montagne, une de mes passions. La vie de Roxane est plus enviable que celle de Caroline qui se bat au quotidien avec ses démons intérieurs.

Votre album La Main de Pangboche se déroule exclusivement au Népal : qu’est-ce qui vous a motivé et choisir à nouveau ce cadre ?

J’avais envie de refaire une histoire au Népal qui est un pays que je connais bien et que j’adore. Le "retour" de Roxane s’est imposé comme une évidence car cela faisait déjà quelques temps que l’idée de la remettre en piste me titillait. L’envie de "peindre" la montagne et Katmandou était aussi en moi depuis un certain temps. Tous les éléments étaient réunis ! Restait juste à trouver une histoire !

Le crayonné...

On pense à Tintin lorsqu’on évoque le Yéti...

J’ai toujours adoré l’idée que des animaux tels que le Yéti ou le monstre du Loch Ness existent. Petit, ça m’a fait rêver. Tintin au Tibet n’y est évidemment pas pour rien ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’aborde cette thématique. Je l’avais déjà fait avec Rudi Miel dans le tome 4 des Aventures de Charlotte (Les Cornes de feu). Ainsi que dans Ban Manis, un one-shot paru chez Flouzemaker.

Ban Manis, un one-shot paru en 2009, avec Bruno Wesel aux couleurs

D’où vous vient cette volonté de travailler en couleurs directes après vingt-cinq ans de carrière ?

Mon envie de changer d’air passait par le fait de casser la routine et d’explorer de nouveaux territoires graphiques tout en restant fidèle à mon style. L’envie aussi, comme je l’ai dit, de maîtriser l’album de A à Z. L’envie de retrouver l’excitation d’un débutant qui entame son premier album.

Comment avez-vous modifié votre technique pour parvenir à ce résultat ?

J’ai recommencé un nombre incalculable de fois la première planche. Je n’arrivais pas à trouver une technique que je pourrais maîtriser tout au long d’un album. En fin de compte, je suis retourné à la gouache qui était la technique que je maîtrisais le mieux quand j’étais étudiant en BD à Saint-Luc. Je n’ai pas réussi à me défaire du trait noir, qui est pour moi une des caractéristiques de l’âge d’or de la BD. Mais c’est un travail fastidieux car je dois repasser régulièrement à l’encre noire sur les traits "bouffés" par mes aplats de gouaches. Comme pour Free Tibet, j’ai gardé mes crayonnés en vue d’une édition de ceux-ci en tirage limité. Cette version devrait sortir pour Angoulême. Le crayonné a toujours été pour moi l’étape la plus agréable à réaliser !

...avant la mise en couleurs

Ce récit de La Main de Pangboche est un diptyque...

En tant que lecteur, j’ai horreur des séries interminables dont on ne connaît jamais la fin. Je préfère le principe d’un album, une histoire. Mais il n’est parfois pas possible de faire entrer un récit aux rebondissements multiples dans le carcan du classique 46 planches. D’où la solution du diptyque, avec une fin "provisoire" pour clôturer le premier volume.

Quels seront vos prochains albums : la suite (et fin) de cette aventure ?

Je travaille actuellement sur le tome 2 de La Main de Pangboche. Le prochain scénario de Caroline est écrit mais je pense qu’aujourd’hui, l’envie de continuer les aventures de Roxane chez Paquet est plus forte. Je scénarise aussi pour Daniel Desorgher un one shot, La Barre Congo, qui sortira chez Place du Sablon, le nouveau label belge du Groupe Paquet. C’est ce nouveau label qui republiera en avril une nouvelle version couleur d’Assassine, one shot scénarisé par Patrick Delperdange.

Assassine, un one-shot paru initialement en 2004 chez Casterman

Est-ce que le projet de film pour Caroline a avancé ?

Après un début de tournage à Bangkok, le projet a été mis au frigo en attendant des jours meilleurs. Mais il est depuis peu sur la table d’un nouveau producteur. « A suivre » comme on disait chez Casterman...

(par Charles-Louis Detournay)

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Lire la chronique de La Main de Pangboche

A propos de Caroline Baldwin, lire aussi les chroniques des tomes 13,14, 15 et 16.

Visiter les blogs d’André Taymans et de Flouzemaker, ainsi que le site de Feel the Noïzz.

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Toutes les images et photo sont © André Taymans.

 
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