Les éditions Ange, nouvelles venues dans le monde de la bande dessinée érotique pour adultes, nous livrent deux albums d’un seul coup, dessinés par Mancini.
Le premier titre, « La reine Margot », est scénarisé par Henri Filippini, grand amateur et spécialiste du genre - il a notamment rédigé une « Encyclopédie de la bande dessinée érotique », plusieurs fois rééditée, ainsi qu’un certains nombres de scénarios pour Mancini, Di Marco ou encore Foxer.
Egalement intéressé par la bande dessinée historique [1], il nous offre ici tout naturellement une bande dessinée mêlant ces deux genres. Ainsi suivons-nous le temps de cet album la vie agitée et sexuelle, en pleine guerre de religions entre catholiques et protestants pendant les journées du massacre de la Saint-Barthélemy, de la célèbre « Reine Margot » (Marguerite), reine de France immortalisée par Alexandre Dumas en 1845 dont le livre fut adapté au cinéma en 1994 par Patrice Chéreau avec Isabelle Adjani dans le rôle principal… H. Filippini a évidemment tourné cela en pornographie joyeuse.
Le dessin de Mancini, quoique raffiné, est un peu rigide ; ses personnages sont quelque peu raides. Mais cela fonctionne, on admire les costumes et les décors ainsi que les lavis de gris très réussis…
Le deuxième titre, « Le calvaire de Diane », est plus hard dans la sexualité et plus souple graphiquement… La mise en scène est plus lâchée, plus dynamique, tout comme la mise en page moins classique (les bords des cases qui vont en oblique et non plus strictement horizontalement ou verticalement…). Les dialogues sont plus crus également. Bref, le tout est plus corsé.
En 1617 en Ecosse, Lord Shelton, maître dans son manoir, tue sa femme lors d’une orgie aux allures démoniaques... Sa jeune fille Diane ainsi que sa servante Séraphine, témoins de l’accident, sont obligées de fuir la demeure. Onze ans plus tard, en 1628, lors du siège de La Rochelle commandé par Richelieu (nous sommes toujours dans les reliquats des guerres de religions entre catholiques et protestants !), elles fuient encore, cette fois-ci vers le Canada. La traversée est agitée et longue. Une fois arrivées à Québec, elles rencontrent les Indiens Iroquois, alliés des Anglais, qui ne sont pas moins entreprenants que les autres hommes !…
Cet album est de la grande aventure à la sauce pornographique. Et cela prend bien. Du coup, c’est une agréable réussite - même si le style est rétro - et une belle curiosité à découvrir.
Ces deux titres étaient jusqu’à présent inédits en albums. Seul « La reine Margot » avait été publié dans le magazine Bédé Adult’ mais avec une qualité d’impression moindre. Ici, le rendu est de très bonne qualité sur du papier couché 150g, luxueux.
La quatrième de couverture sur les deux titres indique que « Mancini alias W.G. Colber, alias Trébor, est le maître de la BD érotique française ». C’est oublier un peu vite Georges Pichard ou encore Georges Levis (dont il s’inspire parfois, sur d’autres titres) notamment…, mais reconnaissons que Mancini, de son vrai nom Robert Hugues, a marqué également son époque. Son style est original et fonctionne.
Dans son « Encyclopédie de la bande dessinée érotique », Henri Filippini a écrit à propos de Mancini : « Sa grande facilité d’adaptation à divers styles, sa puissance de travail, ses multiples personnages, le classent parmi les auteurs les plus attachants de la BD érotique en France. »
Aujourd’hui les éditions Ange éditent quelques-uns de ses albums ; d’autres sont prévus. Une initiative a encourager pour redécouvrir cet auteur et pour soutenir une nouvelle collection qui commence agréablement.
(par François Boudet)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Participez à la discussion