Angel Heart Saison 2 T9 - Par Tsukasa Hojo - Panini Manga

Tsukasa Hojo est une figure emblématique du manga, et plus particulièrement des années 1980 et 1990 ; l’un des auteurs-phares de la première vague grand public qui a marqué les années 1990 en France.

Nous avons tout d’abord découvert l’univers du mangaka par le biais des adaptations animées de ses séries, Cat’s Eyes mais surtout City Hunter, diffusée sous le titre de Nicky Larson. Puis, dès le milieu des années 1990, l’ensemble de ses œuvres furent éditées chez nous par les éditions Tonkam, à l’exception de City Hunter, qui l’avait été par J’ai Lu.

Depuis les années 2000, ce sont les éditions Ki-oon et celles de Panini Manga qui se partagent les rééditions du travail de Tsukasa Hojo. Cependant, ce dernier ne s’est pas reposé sur ses lauriers et publie depuis 2001 une série-fleuve toujours en cours, comptant actuellement 43 tomes : Angel Heart.

Moment de nostalgie au Cat’s Eyes grâce à son fameux café

© 2010 Tsukasa Hojo / TOKUMA SHOTEN / Panini Manga

Angel Heart a la particularité de se dérouler dans un univers parallèle à City Hunter, le titre culte de Tsukasa Hojo, qui met en scène les aventures d’un nettoyeur de l’ombre, Ryo Saeba, opérant principalement dans le quartier de Shinjuku à Tokyo.

Cela signifie que nous retrouvons les personnages et l’univers bien connus de City Hunter, mais avec un certaine nombre de modifications structurelles significatives. La plus importante apparaît comme la mort de Kaori Makimura, héroïne de City Hunter et grand amour de Ryo Saeba. D’autres éléments de biographie sont modifiés et le personnage de Miki, passe de jeune femme à petite fille, parmi d’autres ajustements de l’œuvre originale.

Le récit débute sur une jeune tueuse à gages, Glass Heart, qui tente de mettre fin à ses jours en se jetant du haut d’un immeuble, ne supportant plus de semer la mort et le malheur. Le sort veut qu’elle échoue à mourir, mais son cœur se trouve transpercé, nécessitant une transplantation.

Du côté de Kaori et Ryo, ces derniers sont sur le point de se marier, mais la jeune femme meurt en sauvant un enfant sur le point de se faire renverser ! Son cœur est intact et se trouve volé, par hasard, par l’organisation de Glass Heart et greffé à cette dernière.

Fuyant son organisation, Glass Heart retrouve Ryo par le biais d’étranges souvenirs. Notre vieux héros la recueille et l’accepte comme sa fille et celle de Kaori, fruit du destin. Glass Heart prend alors le nom de Xiang Ying. Une nouvelle vie débute pour cet improbable duo, père et fille, formant le « nouveau » City Hunter.

Contrairement à ce que pourraient s’attendre les lecteurs connaissant Tsukasa Hojo uniquement à travers Cat’s Eyes et City Hunter, il est ici moins question de « polar » (même parodique) que de « famille ». En effet rapidement toutes les histoires dans Angel Heart tournent autour de ce thème : problèmes entre parent et enfant, entre membres d’une fratrie, que la relation soit de sang ou non.

En effet, le drame et la tragédie familiale rythment la série, souvent très larmoyantes et chargées de pathos. Un changement thématique chez Hojo qui semble s’être opéré au moment de F. Compo (1996-2000), traitant justement de la famille – en plus du motif de l’identité sexuelle.

Falcon en prêtre : pas si inapproprié que cela

© 2010 Tsukasa Hojo / TOKUMA SHOTEN / Panini Manga

Dans tous les cas, Hojo semble s’être décidé de décliner cette thématique dans tous les sens possibles dans Angel Heart, au point de faire sombrer la série dans une monotonie qui n’est pas au goût de tous les lecteurs.

De fait, en dépit de sa longueur et d’un découpage en deux saisons dû à un changement de magazine, cette nouvelles série offre peu de variétés et de surprises, rejouant souvent les mêmes scènes, modifiant les situations par de simples variations de cadre ou de statut des personnages. Sans oublier un côté larmoyant qui peut parfois laisser perplexe, comme lorsqu’il s’agit de membres d’organisations criminelles qui voient leur terrible passé oublié ou pardonné un peu trop facilement...

Cependant, en dépit de cette impression, à la limite de l’auto-parodie par moment, Angel Heart sait toujours ménager des surprises et proposer des récits qui nous rappellent que Hojo reste un grand mangaka.

C’est le cas avec ce tome 9 de la saison 2, qui nous invite à un récit doté d’une unité de lieu et de temps située toute entière lors d’un faux enterrement, où quatre hommes, dont Falcon, se disputent la paternité de la fille de la défunte, âgée de 18 ans, racontant chacun leur tour leur histoire avec cette femme hors du commun.

Une intrigue simple, mais parfaitement menée, où nous découvrons le passé d’une héroïne à la personnalité sidérante, et qui s’achève sur une conclusion tout aussi hors-norme, comme sait si bien les trouver Hojo.

Un volume à compter parmi les plus mémorables d’Angel Heart pour au moins trois raisons : l’implication personnelle de Falcon, qui ne déçoit pas, un portait de femme osé et une simplicité de déroulement, sans artifice ou superflu, qui confère au propos du mangaka une forme de sincérité, certes naïve, mais qui sonne juste.

Les potentiels pères suspendus à la réponse de leur "fille"

© 2010 Tsukasa Hojo / TOKUMA SHOTEN / Panini Manga