C’est un bon moment, car il vient conclure l’année écoulée, forte en nouveautés dans les derniers mois, et permet de relancer la nouvelle période au milieu des frimas. Comme le crocus ou l’iris, la BD s’épanouit alors en une floraison hivernale qui annonce l’année à venir.
La presse, souvent discrète tout au long de l’année, déploie ses numéros spéciaux, soit sous l’impulsion des communicants du Festival, soit à l’initiative des magazines eux-mêmes qui publient ses rubriques dédiées et ses numéros spéciaux.
ActuaBD, depuis plusieurs années déjà, dédie au Festival un dossier spécial qui réunit les articles le concernant. Celui de 2010 est déjà ouvert depuis deux mois. Une demi-douzaine d’articles y campent déjà l’ambiance, ils seront suivis d’autres dans les jours à venir, sans compter pendant la durée du Festival.
Il convient de saluer cette année l’initiative de Marianne et du Magazine littéraire qui nous gratifient d’un hors-série spécial intitulé « Le meilleur de la BD ».
Blake et Mortimer par Joann Sfar et Émile Bravo, le retour ?
Le scoop n’est pas bien nouveau puisqu’il avait été lancé par le défunt Collectionneur de BD et que nous en parlions sur ActuaBD il y a cinq ans : Émile Bravo (au dessin) et Joann Sfar (au scénario) envisageaient de faire un Blake & Mortimer. Christophe Quillien en publie les deux premières planches avec une petite interview des intéressés qui, il y a cinq ans, se sont faits gentiment éconduire par les éditeurs qui leur ont dit : « Revenez nous voir dans cinq ou six ans ». Entre-temps, l’auteur de Jules et de Spirou et le réalisateur de Gainsbourg (Une vie héroïque) sont devenus super-bankables et il ne fait aucun doute que leurs signatures conjointes ferait un succès en librairie. Sans pour autant rappeler aux éditeurs leurs promesses, il est clair que cette ré-incursion devrait remettre l’idée au goût du jour.
Le choix des grands
L’autre bonne idée de ce numéro très riche est d’avoir demandé à une brochette d’éminentes personnalités de la BD, dont un bon nombre de Grands Prix d’Angoulême, de Blutch à Moebius, de Lewis Trondheim à Riad Sattouf, quel état leur album favori. Cela donne des choix parfois surprenants : Juillard sollicitant Krazy Kat, Bilal, Donald Duck, Veyron, Le Sapeur Camember… mais ô combien passionnants, ouvrant sur une bibliothèque idéale éclectique et intéressante.
La bibliothèque idéale
Le choix se prolonge sur un florilège d’œuvres-clés du Neuvième Art qui va des « héros de toujours » (Corto Maltese, Tintin, Little Nemo, Blake & Mortimer, Spirou, Lucky Luke, Astérix…) à l’aventure moderne (Les Passagers du vent, Sambre, Isaac le pirate, Freddy Lombard, Monster, Largo Winch, Alack Sinner, Le Triangle secret… ), à l’Heroïc Fantasy, le fantastique et la SF (Le grand Pouvoir du Schninkel, Lanfeust de Troy, L’Incal, Valérian, Les Cités obscures, Black Hole…), au drame (Le Chat du rabbin, Silence, Lucille, Le Journal de mon père, Quintett, Jimmy Corrigan…), à l’humour (Agrippine, Idées noires, La Rubrique à brac, Titeuf, L’Enquête corse, Pascal Brutal…) en passant par l’Histoire (La Bête est morte, From Hell, C’était la guerre des tranchées, Fritz Haber…), les biographies et les auto-fictions (Kiki de montparnasse, L’ascension du Haut-Mal, Maus, Le Major fatal, Persépolis…), le reportage (Le Photographe, …), la critique sociale (Une jeunesse soviétique, Soupe froide, Les mauvaises Gens…), l’adaptation littéraire (La Genèse, Brouillard au pont de Tolbiac, Le Petit Prince…) au sexe (Le Décilic, Happy Sex, Epoxy…)…
Si le Festival d’Angoulême venait à renoncer à son palmarès et sa pré-sélection illisibles pour revenir à une juste catégorisation reflétant les forces vives de la création de la BD d’aujourd’hui, il pourrait s’inspirer de cette typologie équilibrée qui a le mérite d’offrir à tous les genres une vitrine attrayante sans esprit de chapelle et sans qu’un genre de BD ne soit exclu.
Du beau boulot !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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