C’est aujourd’hui lundi que vous allez signer à la Préfecture l’accord triennal avec le FIBD…
Tout-à-fait, c’est un accord multipartite qui lie tous les financeurs du Festival de la Bande Dessinée que ce soient l’État, les collectivités comme la Mairie d’Angoulême, l’Agglomération du Grand Angoulême, le Conseil Régional, le Conseil Général, et les acteurs économiques comme la Chambre de Commerce et d’Industrie. C’est un engagement ferme sur trois ans sur les montants qui seront alloués à la société 9ème Art+ pour l’organisation du Festival avec, en même temps, les attentes des uns et des autres pour les retombées du Festival et la participation de chacun.
Il y a un an, c’était sinon la guerre, des échanges de communiqués un peu amers entre le FIBD et vous. Votre revendication, c’était de réduire la facture de la ville de 400.000 euros, notamment sur tout ce qui était prestations externes. Est-ce que vous avez obtenu gain de cause ?
Oui, notamment en ce qui concerne les interventions du personnel municipal sur le montage des stands et sur l’organisation. J’avais déjà mis un frein sur ces prestations l’année dernière déjà. Aujourd’hui on a véritablement clarifié les interventions des uns et des autres. On a fait en sorte que tout le monde soit partenaire et que ce ne soit pas, quand quelque chose ne va pas bien, la Ville d’Angoulême, premier partenaire du Festival, qui soit montrée du doigt.
C’est un effort partagé entre l’ensemble des financeurs. Aujourd’hui, les choses sont clarifiées noir sur blanc sur une convention qui sera valable pour trois ans. On verra dans trois ans comment repartir pour les trois ans suivants. Cela assure à la société 9ème Art+ un volant financier, elle sait sur quoi elle peut compter en termes de financement des uns et des autres et nous, nous savons quelles sont les limites de nos interventions tant financières qu’humaines sur le Festival lui-même.
Nous savons aussi quelles seront les retombées puisque nous avons demandé des contreparties à notre participation. Par exemple, les habitants du Grand Angoulême bénéficieront du même tarif que la FNAC, c’est-à-dire des tarifs réduits jusqu’au 31 décembre de cette année. On a obtenu aussi que des expositions itinérantes puissent se promener dans l’ensemble de l’Agglomération au cours de l’année, que des expositions présentées au cours du Festival reviennent dans l’année, que les concours dans les écoles soient organisés non plus seulement sur Angoulême, mais dans l’ensemble de l’Agglomération. On a beaucoup avancé sur les garanties de retour sur investissement de l’argent que nous y mettons.
Si nous avons bien compris, l’enveloppe pour le FIBD n’a pas baissé mais ce sont en revanche d’autres entités qui financent, notamment l’Agglomération du Grand Angoulême.
Voilà. Nous avons aujourd’hui un vrai partenariat ville-agglomération car, il faut bien le reconnaître, le Festival est sorti des murs, il est reconnu nationalement et internationalement. C’était un petit peu injuste que seuls les contribuables angoumoisins financent le FIBD. On a partagé à la fois la charge financière, mais aussi les bénéfices en faisant en sorte que les concours et les expositions profitent à l’ensemble de l’Agglomération. Nous sommes aujourd’hui en gros à 60% pour la Ville et 40% pour l’Agglomération. Auparavant, c’était 100% pour la Ville.
La grogne subsiste quand même du côté de la Cité de la Bande Dessinée et de l’Image vis-à-vis du FIBD. Le courant ne passe pas bien entre ces deux partenaires…
Ces partenaires sont condamnés à s’entendre car l’un et l’autre sont financés par les mêmes financeurs. Ils verront d’un mauvais œil qu’il puisse y avoir quelque guerre que ce soit entre les hommes qui les dirigent. Ce sont des responsables et des salariés qui vivent de l’argent public. Ils ne peuvent pas agir seuls, ils doivent suivre les instructions de pouvoirs publics. C’est au bénéfice du service public qu’ils doivent travailler et non pour un égo ou un bénéfice personnel.
Vous venez d’annoncer la création de la « Très Grande Médiathèque de l’Image ». C’est une institution de plus à Angoulême. Quelle est la signification de ce nouveau projet ?
C’est de faire en sorte que la bande dessinée qui est l’emblème de la Ville se fonde complètement dans la politique de la Lecture publique de l’Agglomération d’Angoulême, que l’on ait un bâtiment qui soit dédié à la culture au sens large, que l’on puisse trouver de la bande dessinée avec du roman, des DVD, de la musique… On pourra y loger des congrès autour de la bande dessinée, des concerts comme les concerts de dessin, des auteurs qui viendront en résidence autour de leurs livres, etc. Nous voulons véritablement que la bande dessinée soit la thématique de fond de cette médiathèque mais qu’elle regroupe aussi l’ensemble des supports traditionnels.
On a longtemps reproché au FIBD de gaspiller les fonds publics sans investir dans une structure permanente. On a l’impression qu’elle est en train de se construire sous nos yeux, que le Festival aujourd’hui construit sur des structures éphémères assez coûteuses pourrait occuper ces nouveaux lieux.
Cela met des espaces publics supplémentaires à leur disposition. On voit que la ville se construit en tenant compte de ce Festival. Entre cette médiathèque, les Chaix Magelis où se trouve le nouveau Musée de la bande dessinée, la librairie et les studios qui sont à côté, l’immeuble Castro, l’espace Franquin… Tous ces lieux confortent le Festival. La Médiathèque qui aura un fonds plus important que celui de la Cité sera une sorte de produit d’appel pour les collections et la bibliothèque du Musée. Les deux conservateurs se mettront d’accord sur les thématiques phare de cette collaboration.
On ne se dirige pas vers un nouveau « Combat des chefs » entre le patron de la Cité, le patron de la Médiathèque et le patron du FIBD ?
Cela me désolerait parce qu’aujourd’hui, nous n’avons pas de « combat des chefs » entre le Maire d’Angoulême, le Président du Conseil Général, le Préfet de la Charente, le Président de la CCI, la Présidente de la Région et le Ministre de la Culture. Ce serait dommage que le mauvais exemple –on dit habituellement qu’il vient des politiques- vienne des administratifs. Ils vont avoir l’ardente obligation de coopérer et de travailler. Je l’ai dit, pour nous, ce qui est important, c’est le service public lorsqu’on emploie de l’argent public. Pour nous, le cahier des charges, c’est coopérer, mutualiser et coordonner les actions.
Propos recueillis par Didier Pasamonik le 16 décembre 2010
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Festival International d’Angoulême
Du 27 au 30 janvier 2011
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