D’abord, soulignons la qualité de la composition de la délégation d’artistes chinois. À sa tête Jin Cheng, lui-même un excellent dessinateur, qui préside aussi aux destinées de Comicsfan et du Festival du Guandong, le principal évènement sur le manhua (bande dessinée chinoise), de son pays.
La plus importante ville de cette province méridionale de Chine, Guangzhou (Canton), est également invitée.
Dans les rangs chinois, on compte, A Gui et son plaisant graphisme rond, Yao Feila ou Li Kunwu, dont divers titres ont été traduits par Kana. Nie Jun, qui a fait les beaux jours de l’éditeur Xiaopan. Il dédicace à Angoulême son histoire inspirée de Vincent Van Gogh, (Les Tournesols de M. Vincent), traduite chez Paquet / Bao.
Les mérites de dessinateurs de Jin Cheng et de ses collègues invités sont à évaluer dans le pavillon consacré à la Chine. Celle-ci s’est vue attribuer - c’est à noter - son propre lieu d’accueil et d’exposition, près de Saint-Martial, à part de Little Asia. Où la région administrative spéciale de Hong Kong, maintenant rattachée à son grand frère chinois, conserve néanmoins un très grand et beau stand.
Vendredi, la Mairie et le Festival ont mis les petits plats dans les grands pour recevoir ces invités de marque. La manifestation est bien consciente des enjeux que représente l’installation d’un partenariat durable avec la Chine.
C’est ainsi que fut renouvelé à l’hôtel de ville d’Angoulême, avec plus de cérémonie, l’accord qui a abouti en mars dernier à la création de la joint-venture Urban China détenue à 50 - 50 par Comicsfan et Média-Participations, le plus important groupe de bande dessinée franco-belge. Les titres d’Urban China récemment publiés se situent dans la droite ligne de la qualité éditoriale de leur équivalent pour les comics.
Parmi d’excellents choix citons, par exemple, Bo Lu (La Bataille de Shanghai), présent sur le Festival, ou sa compatriote Xia Dia (La Princesse vagabonde), l’une des rares parmi les auteures de manhua à avoir percé aussi au Japon. Annoncée, elle a malheureusement dû annuler sa venue pour raisons personnelles.
Toutefois, après des séances de signatures, démonstrations de dessin et de représentation très intenses, vint le moment de se délasser lors d’une soirée privée ayant clôt ce vendredi bien rempli.
Au sommet de la tour médiévale de l’hôtel de ville l’exposition Au Pays du Cerf blanc dans laquelle Li Zhiwu, le dessinateur de cette adaptation d’un équivalent chinois du prix Goncourt, dédicaçait ses œuvres avec un brio étourdissant.
Ajoutons encore que les éditions franco-chinoises Fei, toujours très actives à Angoulême, se voient associées au Pavillon Chine via la présence du personnage de San Mao, inamovible antihéros chinois dont elles ont traduit en français les aventures, devenues patrimoniales en Chine. Dans le registre des grands classiques, rappelons leur adaptation du roman médiéval Le Voyage vers l’Ouest, tandis que leur série à succès Juge Bao s’achève.
Bref, à rebours de la vision d’un géant chinois uniforme et implacable, la création chinoise se livre ici dans sa diversité. Et, après en avoir appris plus sur Guangzhou au Pavillon Chine, il ne reste plus qu’à nous diriger vers Little Asia, où résident les auteurs de Hong Kong, prochaine destination de notre feuilleton asiatique à propos d’Angoulême 2015.
(par Florian Rubis)
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En médaillon : partie du Pavillon Chine présentant des dessins de Jin Cheng.
© 2015 Jin Cheng
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Toutes les photos : © 2015 Florian Rubis
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