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Anouk Ricard : « L’important c’est l’histoire qu’on raconte ».

Par Morgan Di Salvia le 9 juillet 2009                      Lien  
Gardienne d’un zoo de personnages attachants, Anouk Ricard, après une longue période uniquement consacrée à l’illustration, a pris goût à la bande dessinée. Avec un amour illimité du kitsch, elle s’amuse à raconter des histoires acidulées et particulièrement drôles. Rencontre.

Vous êtes l’auteur de beaucoup de livres illustrés qui s’adressent à un jeune public, qu’est ce qui vous a amené à glisser vers la bande dessinée ?

Eh bien, la bande dessinée est quelque chose que je faisais déjà étant petite et plus tard. J’ai laissé tomber à la sortie de mes études, car j’ai eu des opportunités dans l’illustration. À la fin de mon parcours aux Arts Décoratifs, j’ai même failli publier chez Fluide Glacial : j’avais gagné un concours en 1994. Suite à cela, j’avais envoyé à la rédaction une ou deux histoires, mais ça ne collait pas du tout avec leur esprit, c’était bavard et ça manquait d’action. Bref, pour Fluide, ça n’allait pas du tout. Après ce rendez-vous loupé, je ne me suis pas dit que la BD, c’était fini pour moi. J’ai eu des opportunités dans le domaine de l’illustration, donc j’ai foncé. Jusqu’à Capsule Cosmique, cette nouvelle revue qui cherchait de nouvelles têtes. J’ai envoyé mon projet, ça me plaisait de renouer avec la BD dans un format court de quatre pages. Ça a fonctionné, et j’ai intégré l’équipe de Capsule. Maintenant, je sais que la bande dessinée c’est vraiment ma voie. Je me sens vraiment plus à l’aise dans la BD que dans l’illustration.

Anouk Ricard : « L'important c'est l'histoire qu'on raconte ».
Anna et Froga, personnages récurrents de l’univers de l’auteur
© Anouk Ricard - Sarbacane

On remarque en vous lisant et en observant vos dessins et illustrations que vous avez un goût très développé pour le kitsch ! Pensez-vous que les enfants y soient sensibles ?

Croquis d’un cocker-couverture
© Anouk Ricard

Je ne sais pas. Je pense que certains enfants doivent être sensibles au graphisme, parce qu’ils ont baigné là-dedans si leur parents ont beaucoup de livres : ça éduque l’œil, cela crée une sensibilité. Je me souviens que, lorsque j’étais enfant, j’adorais lire Tom-Tom & Nana, mais je détestais le dessin de cette série ! Cela ne m’enlevait pas mon plaisir de lecture pour autant. Finalement, ce qui est important, c’est quand même l’histoire qu’on raconte. Je paraphrase Émile Bravo, même si je ne suis pas d’accord sur tout les points de son raisonnement, je suis absolument d’accord avec lui sur le fait que l’histoire est plus importante que le dessin !

Quelle est la réaction du public enfantin face à vos albums ?

Souvent, ils pensent que ça s’adresse à des bébés. Généralement en voyant ma manière de dessiner, les enfants qui ont neuf ou dix ans ne sont pas vraiment attirés. Pourtant, j’essaie de m’adresser à tous les âges, en mettant de l’humour à plusieurs niveaux. Je sais aussi que les filles sont plus intéressées par des histoires d’amour passé l’âge de dix ou onze ans. Sur le Commissaire Toumi, mon dessin pose un vrai problème, car le livre s’adresse d’abord aux adultes, mais mon dessin rond bloque certains. On a réfléchi à ce problème, notamment sur la couverture du livre qui reprend tous les codes du polar : le noir, le jaune, du sang, le flingue, la clope,… Mais malgré tout ça, la majorité des gens pensent que c’est un livre pour enfants. D’autre part, des enfants aussi apprécient Toumi. Je suis dans une situation paradoxale !

Une histoire de science-fiction parue dans la revue allemande Orang
© Anouk Ricard - Orang

Est-ce que Anna et Froga vont connaître une adaptation audiovisuelle ?

Non, rien de tout cela n’est envisagé. Ce sont des rumeurs de la toile. Ce qu’on a pu voir c’est un court-métrage que j’avais réalisé lors de l’exposition Capsule Cosmique à Angoulême.

Dans ce court-métrage vous utilisiez la technique du stop-motion, popularisée par {}…

Oui ! Je suis une fan absolue de Panique au Village. C’est certain que si je dois un jour faire de l’animation, c’est vers cette technique que j’irais.

Sur votre site, on peut entendre quelques chansons de ton groupe electro-pop minimaliste Frouky. Est ce pour vous un simple hobby, ou souhaitez-vous aller plus loin ?

C’est la question en ce moment justement. Le problème c’est que je suis terrorisée à l’idée de faire des concerts ! Je ne m’en sens pas capable : je suis trop impressionnée par la scène. Pour l’instant, l’envie n’est pas assez forte pour passer outre cette phobie !

Combien de morceaux avez-vous déjà composé ?

Sept ou huit, on a de quoi faire un petit disque « maison ». Je fais Frouky avec mon mari qui, lui, est musicien professionnel et qui est impliqué dans plusieurs projets musicaux. Entre son agenda et mon travail de dessinatrice, ça n’est pas évident de trouver le temps ! Mais je suis persuadée que si on se mettait à faire des concerts, il y aurait une émulation, et on avancerait plus vite. Pour l’instant je dois me contenter des commentaires que je reçois sur Myspace.

Est-ce qu’on va revoir le Commissaire Toumi, ou est-il toujours en train de porter le deuil de l’inspecteur Derrick ?

Poupée du Commissaire Toumi
© Anouk Ricard - Sarbacane

Ah, c’est sûr qu’il en est bien triste… Ca n’est pas un secret de dire qu’il est très inspiré par Derrick. J’adore ce feuilleton, je crois que j’ai vu tous les épisodes ! Je n’ai pas honte de ça. J’adore le doublage complètement à côté de la plaque. C’est mal traduit, mal joué, les personnages sont pourris et au final ça donne une ambiance incroyable ! Ca en devient génial. Mais pour répondre à votre question, pour l’instant il n’y a pas de deuxième album prévu.

Pour conclure, la question rituelle : quel est le livre qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Oh ! Difficile de répondre à cette question. J’en ai lus tellement. J’ai dévoré les classiques quand j’étais petite. Je pense que ceux qui m’ont marqué le plus sont Lucky Luke et Astérix.

(par Morgan Di Salvia)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Photo en médaillon : © M. Di Salvia

Le petit site d’Anouk Ricard

Frouky sur Myspace

 
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