Ar-Men, "l’Enfer des enfers" d’Emmanuel Lepage

Par Lise LAMARCHE le 25 juillet 2018

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Ar-Men, "l'Enfer des enfers" d'Emmanuel Lepage

Une lecture passionnante et pleine de poésie aux dessins époustouflants, où les récits s’entrelacent pour écrire celui de cette roche qui est à la fois refuge, prison et rempart : Ar-Men.

En Bretagne, au large de l’île de Sein et au bout de la Chaussée, cimetière de tant de navires, se dresse Ar-Men, le phare surnommé "l’Enfer des enfers". Les gardiens de phare s’y relaient pour veiller sur le feu, apportant comme remède à la solitude leurs histoires et leurs fantômes.

Ar-Men, "l'Enfer des enfers" d'Emmanuel Lepage

L’Ankou, la ville d’Ys, l’histoire des gardiens de phare, le naufrage des navires et des hommes, autant de récits que Germain, le personnage principal, entremêle savamment. Telles des contes des Mille et Une Nuits d’Armorique, les légendes s’élèvent dans la nuit, rythmées par la pulsation du phare, tenant le lecteur en haleine.

Un jour, une tempête révèle une autre histoire, celle de Moïzez et de la construction du phare, que Germain découvre avidement. Au centre de tous ces récits se dresse Ar-Men, ce cylindre élevé face aux éléments, qui acquiert par cet album un statut de légende.


Trois Eclats blancs - par Bruno Le Floc’h - Delcourt

Emmanuel Lepage ne manque pas de rendre hommage à Trois Éclats blancs, où Bruno Le Floc’h met en image l’épopée de la construction d’un phare sur les côtes bretonnes. Tout aussi rigoureux dans sa documentation, Ar-Men surpasse son modèle, tant par la richesse des destins qui se croisent que par la force des dessins de Lepage.

Après Voyage aux îles de la Désolation et La Lune est Blanche, Emmanuel Lepage est passé maître dans l’art de représenter la beauté sauvage de l’océan.

Ce tome ne démérite pas, bien au contraire : les tracés de l’écume, la violence des rouleaux, le vol d’un oiseau ravissent le regard. À la palette de couleurs froides de l’extérieur, le phare protecteur répond par la chaleur de son feu. L’éclairage des lampes à huile offre des jeux d’ombres et de lumières qui rappellent les plus belles toiles de Georges de La Tour. Le dessin accompagne subtilement les différents récits et évolue presque subrepticement pour saisir avec délicatesse les blessures des personnages.

Rien d’étonnant, donc, à ce que cet album fasse partie de la liste des 20 albums incontournables de l’été proposée par l’ACBD en 2018.

(par Lise LAMARCHE)

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