Assassination Classroom - Ansatsu Kyoushitsu en japonais - est le nouveau manga issu du Weekly Shonen Jump sur lequel nombre d’éditeurs français se sont penchés cette année, à la recherche d’un nouveau best-seller susceptible de remplacer Naruto ou One Piece, prochainement en fin de cycle.
Nous l’avions évoqué à propos du renouvellement du magazine-amiral de la Shueisha, aussi bien avec Stéphane Ferrand, le directeur éditorial de Glénat, qu’avec Christel Hoolans, directrice éditoriale de Kana, qui étaient en compétition pour l’acquisition de ce titre. C’est cette dernière qui a d’ailleurs fini par emporter le morceau. Le lancement d’Assassination Classroom est attendu pour octobre chez la filiale manga de Dargaud.
Un manga atypique
Ce manga propose un scénario d’une étrange tonalité qui se partage entre la science-fiction, la chronique scolaire, le récit de combat et l’humour : Koro-sensei, un alien à l’apparence de pieuvre, totalement invulnérable, annonce qu’il détruira la terre d’ici une année à moins qu’un élève de la classe dont il prend la charge ne parvienne à l’assassiner. La formation initiée s’avèrera assez particulière...
Au Japon, Assassination Classroom a créé une vraie surprise, avec un classement immédiatement excellent dans le Weekly Shonen Jump et des ventes des premiers volumes tout de suite très confortables. : au-delà de 300 000 exemplaires en première semaine, dépassant rapidement les 500 000 ex. au-delà. La dynamique du recrutement bat son plein alors même que les dessins animés ne sont pas encore diffusés, ce qui laisse imaginer une marge de progression importante pour ce titre au pays du Soleil Levant.
Certes, les scores ne sont ni ceux de One Piece, ni même ceux de Naruto, on en est même encore loin. Mais ce titre, après ces débuts prometteurs, bénéficie d’un soutien fort de Shueisha, assez proche de celui que l’on a pu observer avec Toriko, il y a quelques années. Une confirmation que le géant japonais de l’édition mise actuellement davantage sur ses vétérans pour assurer ses futurs succès.
En France, la bataille pour son acquisition fut rude et surprenante, à plus d’un titre. Rude, parce qu’on a d’abord cru à l’affrontement entre Glénat – partenaire historique de Shueisha en France, qui avait édité le précédent manga de Yūsei Matsui, Neuro, le Mange-Mystères – et Kazé, filiale de Shueisha jouissant d’une sorte de droit de préemption sur les nouveautés de la maison-mère, notamment su celles issues du Weekly Shonen Jump. Surprenante car ce fut un troisième larron, Kana, qui finalement remporta la mise.
Interrogée sur les raisons de ce succès, Christel Hoolans nous avait renvoyé vers Shueisha pour toute explication. C’est à présent chose faite avec l’éclairage que nous fournit Raphaël Pennes, responsable des licences pour Viz Europe, agent de Shueisha sur notre continent.
Chez Kazé, d’abord, naturellement prioritaire, Assassination Classroom n’avait pas fait l’unanimité en interne. À l’éditorial, certains l’avaient soutenu, d’autres avaient exprimé un doute sur son réel potentiel en France. Et du côté de Viz, on se disait qu’il était peut-être profitable de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, que ce titre était peut-être l’occasion de promouvoir le catalogue du Jump hors de Kazé auprès de partenaires qui, par le passé, avaient montré leur savoir-faire. Voici qui contrebat l’idée supposée de l’impérialisme éditorial du géant nippon.
Dès lors, il fallait choisir un éditeur pour le titre. Et Kana a su profiter de cette ouverture inespérée avec une proposition que les gens de Viz ont jugée bien meilleure que celle de Glénat (qui n’y croyait pas ? ou trop ?). D’autant qu’il y avait aussi le souci d’aider un concurrent mais néanmoins partenaire, jugé en ce moment en panne de hit, dans la perspective de la conclusion prochaine de la série Naruto.
Considérant le travail effectué par Kana sur Japan Expo, Raphaël Pennes se félicite d’ailleurs du choix finalement opéré : La communication impressionnante de la filiale manga de Dargaud autour d’Assassination Classroom, avec un stand dédié comportant de multiples activités, l’a conforté dans l’idée qu’il s’agissait là de la bonne décision. Et l’on comprend mieux aussi, dans cette perspective, pourquoi Stéphane Ferrand aimerait renouveler son stand sur la convention !
Seul regret explicitement exprimé : que Kana n’ait pas été en mesure de sortir le titre pour le rendez-vous de Villepinte. Le teasing fut excellent, mais le risque est grand de voir des lecteurs potentiels ayant découvert le manga, céder à la curiosité et se jeter sur le moindre scantrad disponible en ligne d’ici la sortie officielle.
Remarquons toutefois qu’il s’agit certainement ici de l’arrivée la plus rapide en France d’un titre du Weekly Shonen Jump : déjà licencié avant même la fin de sa première année de publication, c’est en soi un événement.
(par Aurélien Pigeat)
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