Parmi les événements majeur de la Foire du Livre de Francfort cette année, il y avait bien entendu la sortie de la version allemande d’Astérix chez les Pictes.
"Les éditeurs étrangers sont hyper-positifs, nous dit Mathilde Jablonski, responsable des droits étrangers de Hachette Illustré. Ils sont très contents que l’aventure continue. La publication se fait en simultané le 24 octobre, en 24 langues et 5 langues en digital. D’autres langues vont sortir dans les mois qui viennent." Les éditeurs ont signé le contrat avant de recevoir les fichiers, sans voir le résultat final, c’est dire si la confiance dans Astérix est patente.
Le fait que l’album se passe chez les Pictes a favorisé bien évidemment sa diffusion en Écosse. "Outre l’anglais, nous dit Mathilde Jablonski, cet album est traduit en gallois, en gaélique, et en scot ancien !"
Asterix über alles !
L’Allemagne est traditionnellement le plus gros marché pour Astérix, après la France : il s’y est vendu en cumul 120 millions d’albums du Gaulois contre 130 millions en France ! C’est pourquoi chaque fois qu’il y a un nouvel Astérix, Albert Uderzo venait y faire un petit tour de promo.
Mais ce n’est pas le cas cette année, c’est Jean-Yves Ferri et Didier Conrad qui occupent l’estrade dans une tournée qui va les mener en Italie, en Espagne, à Anvers en Belgique, au Portugal... Le tirage allemand se situe "entre 1,6 et 1,8 millions d’exemplaires", selon les responsables d’Hachette, pour l’essentiel en édition brochée, contre 1 850 000 albums cartonnés en France. Ensuite, le plus gros tirage revient à l’Espagne, avec 200 000 exemplaires cartonnés. Cette grande disparité souligne l’affection particulière des Allemands pour notre petit Gaulois.
Les auteurs arrivent sous un douche écossaise de bon aloi. Les Allemands ne laissent jamais rien au hasard... Les éditeurs d’Egmont-Ehapa se sont tous mis sur le dress-code du jour : motif écossais pour tout le monde. Toute la presse allemande est là, le doigt sur la couture du pantalon. Comme pour le reste de la presse internationale, personne n’a vu l’album. Les auteurs parlent donc, dans une langue de bois un peu farce, d’un album que l’assistance n’a pas vu. Personne ne s’en offusque.
Embargo
L’album-fantôme est d’ailleurs au centre des conversations. Sur le stand Egmont, on peut voir un album d’Astérix, mais sous cloche, solidement scellée. En raison de la spécificité de la distribution en Allemagne (chaque länder a sa distribution propre), les librairies allemands reçoivent l’album 10 jours avant la date de sortie. Ils ont une interdiction formelle de le mettre en vente avant la date de la sortie. Chaque libraire a dû signer avant réception un engagement en vertu duquel il s’interdit de diffuser l’album avant la date fatidique sous peine d’une amende de 5100 euros par exemplaire vendu ! (Nous vous mettons le PDF de cet engagement en annexe). Nous verrons si, à l’heure d’Internet et du scantrad sauvage, cet embargo sera respecté.
La conférence de presse terminée, les journalistes reçoivent un petit sac avec des cadeaux : un gâteau écossais immangeable, une bouteille de potion magique (un soda au café) et... incroyable ! merveilleux ! L’ALBUM d’Asterix bei den Pikten. Enfin, on va pouvoir le feuilleter, le lire, le critiquer !
Hélas, c’est un faux. À l’intérieur, des pages vierges d’écolier. Régis Marsac, le patron des édition Albert René est tout sourire : "Eh oui, avec Astérix, il faut parfois lire entre les lignes..."
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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