L’album, d’abord, est-il réussi ? On peut dire oui. Les auteurs ont pris leur sujet en mains. Mieux ficelé, plus subtil que le précédent, ce volume met en scène César en train d’écrire ses Commentaires sur la Guerre des Gaules. Il y relate évidemment son échec face aux irréductibles Gaulois. Mais son très puissant conseiller en communication, Promoplus, une caricature de Jacques Séguéla, lui suggère de retirer ce chapitre peu reluisant. Hélas, l’un des scribes épris de vérité en récupère une copie pour la donner à un "lanceur d’alerte" de Colporteur sans frontières, Doublepolemix, inspiré par le fondateur de Wikileaks, Julian Assange.
Cet album est meilleur que le précédent car Jean-Yves Ferri a mieux réussi la caractérisation de ses personnages en interaction avec son histoire. À commencer par Promoplus, omnipotent dans les coulisses du pouvoir, expert en modes de communication (et ils sont nombreux ici), portant une version antique de la Rolex (qu’il faut avoir avant 50 ans, comme on sait...), et allergique à l’herbe verte. Mention spéciale aussi au vieux sage de la Forêt des Carnutes, Archéoptérix, le maître de Panoramix.
Il est mieux réussi aussi parmi qu’il a mieux posé, exercice difficile, la trame des running gags. Ainsi cette histoire d’horoscope au début qui lui permet de mieux impliquer Obélix, ou encore Bonemine et Abraracourcix, dans les différentes scènes d’action de l’album. Il y a enfin une véritable réflexion sur l’économie interne des personnages de la série, une meilleure intelligence de l’univers d’Astérix et notamment cette capacité de mêler l’air du temps à l’histoire antique.
Quant au dessin de Didier Conrad, il est meilleur que jamais. On voit qu’il a eu le temps de peaufiner l’album, que les personnages sont de mieux en mieux dans sa main. Il reste cependant quelques scories. Par exemple, le nombre de rayures du pantalon d’Obélix est curieusement réduit par rapport à la version d’Uderzo et le dessin de Madame Agécanonix, ce n’est pas encore tout à fait cela. Le "pont aux ânes" pour un dessinateur d’Astérix reste la scène de bagarre et c’est, là encore, plutôt réussi.
Banquet gaulois à Auteuil
Hier, c’était la soirée officielle de lancement de l’album. Le tout-Paris de la BD et d’ailleurs se pressait dans un restaurant de la Porte d’Auteuil, privatisé pour la circonstance. Les auteurs, Jean-Yves Ferri et Didier Conrad, accompagnaient Albert Uderzo et Anne Goscinny. Ces derniers n’ont pas tari d’éloges pour ce nouvel opus. Albert Uderzo a été agréablement surpris par l’accueil critique : "Vous avez été mieux reçu que lorsque j’ai repris moi-même le scénario d’Astérix", fit-il remarquer. "J’espère qu’il y a une bonne bibliothèque là haut et que mon père pourra l’y lire, dit de son côté la fille de René Goscinny, avant d’ajouter : je pense que mon père serait fier de cet album."
Un centurion romain fit irruption dans la salle, tenant sur son poing un aigle royal, à l’œil et au bec redoutables. L’aigle fit un grand vol pour aller se poser à quelques centimètres des auteurs. Heureusement, Astérix et Obélix, également présents en chair et en latex, étaient là pour veiller au grain. Aucun incident à déplorer.
D’autres volatiles ont circulé dans la soirée, où l’on pouvait distinguer, parmi d’autres têtes d’oiseaux, Thomas Langmann, le producteur des films d’Astérix, Louis Clichy, le réalisateur du Domaine des Dieux qui nous annonce qu’il travaille en ce moment sur un nouveau film d’Astérix, le prochain scénariste de Lucky Luke, Jul,...
Tous convergeaient vers les héros du jour pour les saluer dans une soirée "bon enfant", telle que la qualifiait Uderzo. Effectivement, nous sommes tous des enfants quand sort un nouvel Astérix.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Toutes les illustrations sont (c) Uderzo, Goscinny, Ferri, Conrad et Albert-René.
Reportage : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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