Une de ses dents est sur le point de tomber. À cette occasion, on ne manque pas de lui parler de la célèbre légende de la "petite souris". Étant persuadée qu’il s’agit d’une invention des adultes, dont les explications ne parviennent pas à la convaincre, la gamine cherche à attraper le célèbre rongeur, histoire de prouver que tout cela n’existe pas ! Lorsqu’elle découvre que la souris lui a déposé un tube de dentifrice sous son oreiller, Astrid décide de tout faire pour résoudre ce mystère et de capturer le petit rongeur. S’en suivront une série de péripéties qui ne sont pas sans rappeler le rythme effréné et le style un peu désuet de productions animées des années 1960.
Dans cet album, on retrouve Fabrice Parme dans le registre qui lui est familier, et pour la première fois en solo dans cet album. On n’aura guère de peine à considérer cette nouvelle héroïne comme la petite sœur du fameux Adalbert, le roi Catastrophe qui fit naguère les beaux jours du catalogue Delcourt jeunesse. Une fois de plus, l’impertinence et la provocation un peu délirantes sont au rendez-vous. Les amateurs retrouveront avec bonheur l’esprit qui fit le succès de séries précédentes. Assurant dessin et scénario, Fabrice Parme place son histoire et ses personnages dans un univers singulier et très cohérent. D’une anecdote banale, il parvient à tirer un récit dynamique, ouvert et vivant, mais suffisamment maîtrisé pour se contenir dans un format adapté au jeune public (30 pages) et d’une grande lisibilité. Couleurs, traits et mise en page sont au service d’une narration harmonieuse et attractive
Le dessin, non seulement inspiré de son expérience dans l’animation mais aussi de l’esthétique des cartoons d’ Hanna-Barbera des années 1960 (Tom et Jerry, Les Pierrafeu...), participe de la mise en place d’un imaginaire désuet, rétro et légèrement décalé.
De ses nombreuses collaborations avec Lewis Trondheim, avec qui il a également réalisé le remarquable Venezia, série malheureusement arrêtée au bout de deux épisodes, le dessinateur a gardé le ton irrévérencieux et le rythme de narration, contribuant à rendre son travail sans doute plus convaincant que sa reprise de Spirou, Panique en Atlantique, par exemple.
L’auteur de Famille de Pirate (série d’animation qui a connu un vif succès avant d’être reprise en albums chez Dargaud) nous invite dans cet univers délicieusement kitch avec malice. Plus riche qu’un mode d’emploi pour petite chipie aux dents de lait, Comment dézinguer la petite souris, ce premier tome est une aventure aux allures rocambolesques provocantes et légèrement décalées qui permet à Fabrice Parme de faire son entrée aux Éditions Rue de Sèvres.
(par Patrice Gentilhomme)
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