En effet, à défaut de s’appeler La Promise d’Ultron, l’album aurait pu prendre le nom d’Intégrale de l’année 1977 des aventures des Avengers. En effet, La Promise d’Ultron n’est qu’une péripétie parmi d’autres vécues dans cet album par l’équipe des plus puissants héros de la Terre, ce qui pourra avoir le don d’ennuyer les lecteurs qui s’attendaient à un propos dense autour du personnage d’Ultron.
L’album propose donc différentes intrigues de l’année 1977, menées par les scénaristes Gerry Conway et, surtout, Jim Shooter. À l’instar de la majorité de la production à l’époque, les intrigues sont courtes et prennent généralement place sur un deux épisodes, rarement plus. Contrairement à ce que l’on peut lire de nos jours chez l’éditeur, cette écriture permet de faire varier très rapidement les personnages et les menaces, ce qui peut se révéler une bonne arme pour chasser l’ennui du lecteur selon les circonstances.
L’intérêt des différentes intrigues nous apparaît comme inégale, certaines jetant en pâture devant les Avengers des menaces très secondaires ou de nouveaux personnages aujourd’hui désuets qui n’ont pas été appelés à mener une brillante carrière dans l’univers des Comics. Quand les Avengers doivent mettre les mains de le cambouis face à des adversaires plus prestigieux, comme Ultron, la machine fonctionne à un bien meilleur régime.
Les scénaristes prennent aussi soin à cette époque de creuser les motivations et les sentiments de leurs personnages, au-delà de l’image qu’ils véhiculent en tant que super-héros. Jim Shooter parvient notamment à mettre en valeur la Vision et Wonder-Man, le premier étant un synthézoïde créé par Ultron en copiant les schémas mentaux de Wonder-Man, ce dernier venant justement de revenir à la vie. Comment les deux Avengers vont pouvoir travailler de paire, le premier ayant par ailleurs épousé la Sorcière Rouge, qui était l’intérêt sentimental du second ?
En revanche, dans cette veine, le lecteur aura peut-être du mal à encadrer le Fauve, échappé alors du groupe des X-Men. En effet, le personnage change alors d’attitude comme de chemise, passant d’une légèreté extrême voguant sur des traits d’humour qui n’enthousiasment pas à une gravité profonde vis-à-vis de sa condition et de ses capacités. Il faudra certainement attendre son retour dans la série Uncanny X-Men pour lire quelque de mieux le concernant à l’époque...
D’un point de vue graphique, les lecteurs pourront être contentés par les jolies planches de grands dessinateurs de l’époque comme Sal Buscema, George Pérez ou bien encore John Byrne. Il n’y a pas de planche ou d’épisode foncièrement original en ce qui concerne le trait, mais l’exécution de ces différents talents est appréciable tout au long de la lecture.
La Promise d’Ultron est un album qui pourra intéresser les nouveaux lecteurs, même si son titre est trompeur car il n’offre pas une confrontation des plus dantesques entre les Avengers et Ultron. Les amateurs plus confirmés des Avengers pourront aussi s’y retrouver, même si ce ne sont pas là des épisodes qui ont laissé une marque indélébile dans l’histoire de cette équipe.
(par Romuald LEFEBVRE)
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