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Aya de Yopougon sur grand écran et en grand format

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 juin 2013                      Lien  
La sortie du très beau film Aya de Yopougon réalisé par Marguerite Abouet et Clément Oubrerie le 17 juillet prochain suscite une légitime effervescence éditoriale : la bande dessinée du film et un making of viennent assurer une présence en librairie de l'une des bandes dessinées les plus originales et les mieux écrites de ces dernières années.
Aya de Yopougon sur grand écran et en grand format
Rééditée en grand format, la BD du film avec pas mal de bonus
© Marguerite Abouet, Clément Oubrerie, Gallimard.

Après ces semaines de grisaille, faites-vous plaisir et allez voir ce film gorgé de soleil qui sort en salles en France le 17 juillet prochain. D’abord parce qu’il est extrêmement fidèle à la bande dessinée de Marguerite Abouet et de Clément Oubrerie (6 tomes parus chez Gallimard comptabilisant 520 000 exemplaires vendus) : la faconde des personnages, la bonhommie du dessin, ce rendu si juste et si tendre de l’ambiance africaine.

Sous ses faux airs de soap, ce sont toutes les problématiques de l’Afrique qui sont évoquées : acculturation, poids des traditions, relations avec les anciennes puissances coloniales, corruption et intrigues de pouvoir... Mais surtout, et c’est le plus important, les Africains eux-mêmes : chaleureux, débordant d’amitié, volubiles, subtils dans la simplicité, animés par une incroyable énergie...

Dans cette évocation de la Côte d’ivoire des années 1970, à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan, Marguerite Abouet parle d’elle-même, , de choses vécues, et des siens, dans leur façon de penser et de s’exprimer. Il faut d’ailleurs s’arrêter sur cette langue imagée, inventive, qui ré-enchante un français que l’on n’écoute plus par habitude. Elle l’enlumine par des sonorités nouvelles, des ponctuations inédites. Nous avons là l’œuvre d’une grande dialoguiste.

© Autochenille - TF1 droits audiovisuels 2011
Quelques images du film
© Autochenille - TF1 droits audiovisuels 2011

Clément Oubrerie n’est pas à la traîne dans cette affaire -en particulier dans le film où le dessinateur, complice et associé de Joann Sfar sur la version filmée du Chat du Rabbin, rend à la perfection les lumières, les couleurs et les espaces de la bande dessinée qu’il avait publiée chez Gallimard (dont les deux premiers ont servi de base à ce premier film). Nous sommes bien ici dans un processus mis en place par Marjane Satrapi depuis Persepolis (2007) : celle d’un contrôle de bout en bout de l’œuvre adaptée, avec une incroyable maturité, aussi bien en termes de création que de production. Une particularité de la nouvelle pratique des créateurs français depuis les années 2000 et qui sera sans aucun doute un marqueur pour notre génération.

Or donc, voici que ce film sort en salles le 17 juillet prochain, après bien des péripéties en terme de programmation. Comme il est de coutume, l’éditeur accompagne cette sortie. Avec, d’abord, une réédition dans une version "collector" des deux premiers épisodes où les auteurs ont ajouté "en bonus ivoirien" un lexique, des recettes de cuisine et quelques particularités propres à la vie quotidienne du pays ; en prime, des croquis et des images qui ont servi à la réalisation du film.

Le Making Of du film par Jean-Claude Loiseau (Gallimard)

Par ailleurs, notre excellent confrère de Télérama, Jean-Claude Loiseau, nous a concocté un magnifique making of du film : Aya de Yopougon - Ambiance le cinéma !, où témoignages et dessins inédits -des aquarelles magnifiques par dizaines !- décrivent la magnifique diversité des décors et des personnages. Il faut d’ailleurs souligner à quel point ceux-ci sont parfaitement typés (au passage, félicitations au responsable du casting des voix), créant une galerie de caractères à la fois convaincants et originaux, une vision de l’Afrique bien sentie mais aussi bien ressentie.

Concluons en paraphrasant une citation imbécile : grâce à Abouet et Oubrerie, l’Afrique est entrée dans l’histoire... de la bande dessinée, mais aussi du cinéma.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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11 Messages :
  • Aya de Yopougon sur grand écran et en grand format
    25 juin 2013 11:34, par Kirikou

    Il y avait aussi Kirikou et d’autres films sur l’Afrique ou par des Africains qui ont fait entrer l’Afrique dans l’Histoire du cinéma. Je ne comprends pas un truc : C’est quel tome qui est réédité (en grand format) ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 juin 2013 à  11:43 :

      Je ne comprends pas un truc : C’est quel tome qui est réédité (en grand format) ?

      C’est écrit dans l’article : "...une réédition dans une version "collector" des deux premiers épisodes"

      Il y avait aussi Kirikou et d’autres films sur l’Afrique ou par des Africains qui ont fait entrer l’Afrique dans l’Histoire du cinéma.

      Je crois bien qu’Aya est à ce jour la seule BD d’un auteur africain qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma (Il y a La Vie de Pahé à la TV). Kirikou, très beau film, n’est pas une BD que je sache. Et cela reste une vision de l’Afrique faite par un non-Africain.

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      • Répondu par Guerlain le 25 juin 2013 à  14:38 :

        Je crois bien qu’Aya est à ce jour la seule BD d’un auteur africain qui a fait l’objet d’une adaptation au cinéma (Il y a La Vie de Pahé à la TV). Kirikou, très beau film, n’est pas une BD que je sache. Et cela reste une vision de l’Afrique faite par un non-Africain.

        Michel Ocelot a passé toute son enfance et une grande partie de son adolescence en Afrique. Il fréquentait même une école où il était le seul blanc. Is se sentait profondément africain.Il revendique d’ailleurs une double-identité africaine et européenne.
        Dans un entretien pour la radio belge "la première", il revenait d’ailleurs sur la perception de son film en Afrique et de la gêne que causait la nudité des personnages. Pour Ocelot, elle est naturelle et réaliste, considérant que la pudeur affichée par les Africains actuels est une conséquence nefaste de la colonisation.

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        • Répondu le 28 juin 2013 à  11:46 :

          Effectivement, accepter qu’il y ait des noirs européens, c’est aussi accepter qu’il y ait des africains blancs. Ocelot en est un.

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          • Répondu par Gilbert le 29 juin 2013 à  00:52 :

            Michel Ocelot n’est pas du tout africain, c’est un français né à Villefranche-sur-Mer, qui a vécu à Angers,étudié à Rouen avant de s’installer à Paris (où il a fait les arts déco), il a passé une partie de sa petite enfance en Guinée en suivant ses parents, mais ça ne fait pas de lui un africain pour autant.

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  • Le film Aya est sympa, mais n’attire pas les foules
    4 août 2013 19:19, par Oncle Francois

    Moins de soixante mille personnes l’ont vu en première semaine. A comparer avec le Wolverine qui lui en a attiré plus d’un millon !

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    • Répondu le 5 août 2013 à  09:01 :

      Rien de moins comparable !

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      • Répondu par Oncle Francois le 5 août 2013 à  11:46 :

        Les films sont différents certes. Et je n’ai pas dit que Wolverine m’a enthousiasmé. Mais quand on compare l’accueil du public sur la première semaine, on regarde le nombre de places vendues la première semaine, c’est un bon indicateur. Bah, vous verrez bientôt avec les Schtroumpfs...

        Et si vous ne le saviez pas, cela coûte cher de fabriquer un dessin animé....

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        • Répondu par callede joel le 5 août 2013 à  17:25 :

          Il faut comparer ce qui est comparable. Wolverine : 689 copies du film. Aya : 80. Voilà, arrêtez de tirer des enseignements sans tenir compte de tous les paramètres. Et Aya a certainement coûté bien moins cher qu’un Pixar ou un Dreamworks et n’a sans doute pas besoin de faire 2 millions d’entrer pour entrer dans ses frais. 100 000 entrées potentielles, c’est pas mal du tout.

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          • Répondu le 5 août 2013 à  18:43 :

            C’est un peu comme comparer un bouquin de chez Fremok, et le tome 47 des "Profs", par exemple.

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            • Répondu par Oncle Francois le 6 août 2013 à  09:55 :

              C’est vous qui le dites : pour reprendre vos exemples, les films Persepolis a été un gros succès commercial, et le Chat du rabbin a du attirer prés d’un million de spectateurs en salles. A la base, ce sont pourtant des BD plus proches de l’esprit Fremok que des Profs, non ?
              J’ai bien aimé le film Aya, mais compte tenu du travail et des budgets qu’il a nécessités, ses deux premières semaines d’exploitation doivent représenter 70 000 entrées. C’est peu encourageant pour la carrière de ce film animé...

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