L’Afrique est comme cela : prolifique. Une simple graine laissée sur le sol devient en peu de temps un arbre énorme. Cela change le rapport à la vie et à la mort : la mort devient moins douloureuse, même si on peut la déplorer. En même temps, la vie devient essentielle, le fondement de toute chose, de toute activité sur terre. Son ferment. Les petites intrigues des adolescents de Yopougon, leurs amours naissantes, sont marquées par cette insouciance.
Il y a ceux qui en profitent sans penser au lendemain ; il y a ceux, comme Aya, qui s’emploient à faire en sorte que la source continue à irriguer cette vie heureuse. Aya veut devenir médecin, en dépit des intentions de son père qui cherche à la marier à un bon parti et qui trouve que les études ne sont pas faites pour les femmes. La jeune Aya refuse cette conception un peu trop simple pour elle. Et puis, elle assiste autour d’elle à ces petits drames qui conditionnent une vie, à peine a-t-on goûté à la saveur de la jeunesse. Dans cette vie-là, elle n’a pas l’intention de se laisser enfermer.
Avec simplicité et fraîcheur, les chatoiements colorés de Clément Oubrerie servent magnifiquement la fantaisie joyeuse des dialogues de Marguerite Abouet. La scénariste sait y faire pour rendre plaisant le français si particulier de cette comédie humaine ivoirienne. L’album est frais, enlevé, sans prétention. Une bonne surprise et un prix du premier album au Festival 2006 d’Angoulême pour le coup amplement mérité.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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