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BD, Comics, Mangas… : Les lignes bougent…

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 2 juillet 2011                      Lien  
Les festivals Japan Expo et Comic Con’ battent le plein à Villepinte, alors que le paysage de la BD en France est en train de muter : Delcourt prend le contrôle de Soleil et Dargaud fait alliance avec DC Comics aux dépends de Panini Comics. Quant aux mangas, ils n’ont plus la superbe d’antan.
BD, Comics, Mangas… : Les lignes bougent…
Dargaud a fait alliance avec DC Comics (Batman, Superman, Green Lantern...)

Il y a de la fébrilité dans l’air, ce n’est pas rien de le dire. Pas vraiment à cause de Fukushima (bien qu’à Japan Expo, le gouvernement japonais se fende d’un long dossier de presse pour expliquer que le taux de radioactivité de Tokyo est inférieur à celui de New York City…), mais parce que les paramètres habituels du marché sont en train de bouger et qu’il est difficile pour les observateurs de voir dans quel sens.

La grande distribution a la fièvre…

L’affaire dépasse le marché du livre et l’impact sur la bande dessinée est patent : la présence du livre dans grande distribution (hypermarchés, supermarchés,…) dévisse. Dans la rubrique économique des grands journaux, on vous fait état des difficultés du groupe Carrefour qui s’apprête à vendre sa filiale de supermarchés discount Dia sous la pression d’actionnaires toujours plus exigeants en terme de rentabilité. Par ailleurs, le marché est en train de muter, les grandes surfaces se réduisant en faveur de magasins urbains de proximité comme Carrefour Market, Casino, Daily Monop, Simply Market… où le livre est pour ainsi dire inexistant. Seuls les centres Leclerc (parce que c’est un groupement de magasins indépendants) résistent un peu à cette tendance.

Par ailleurs, les librairies numériques comme Amazon.fr ou Fnac.com progressent nettement en chiffre d’affaire : « C’est comme pour les nénuphars, nous dit un observateur, la surface double d’une année à l’autre. »

Tandis que Marvel, très présent en salle, reste chez Panini. Jusqu’à quand ?

… et c’est la librairie qui tousse :

Résultat, devant le déclin des ventes de BD en grande surface, et notamment celui des mangas, les grands magasins déréférencent et réduisent la BD dans leurs linéaires. L’impact est fulgurant, paradoxalement sur les plus grandes séries, celles qui ont besoin de la grande distribution pour atteindre des scores élevés. Certaines séries de première importance divisent leurs ventes par deux.

D’où la prudence des éditeurs : réduction de la voilure puis revente à Delcourt pour Soleil, élargissement du catalogue vers une offre plus diversifiée de produits en reprenant le catalogue DC Comics pour Dargaud, déclinaison de spin-offs sur des marques connues pour Le Lombard ou Casterman…

Les fondamentaux restent bons surtout en raison de la déferlante de films adaptés à l’écran : Tintin, Les Schtroumfs, Titeuf, L’Epervier, Le Chat du Rabbin, Mon Ami Groumpf… devraient tirer leur épingle du jeu cette année du fait du soutien qui leur est offert par les films qui en sont tirés.

Idem pour la mythologie américaine Marvel qui se décline quatre à cinq fois par an sur nos grands écrans et de façon quasi-continue à la télévision. Moins présents qu’auparavant, les mangas marquent le pas alors que le comic-book progresse. D’où le virage sur l’aile des éditions Dargaud.

La grande distribution s’avérant défaillante, c’est évidemment vers le premier niveau des libraires que les éditeurs espèrent retrouver du chiffre. La motivation de la diversification de Dargaud dans les comics tient principalement à cette raison et c’est par dizaines de nouveautés dans la prochaine année que l’éditeur de la rue Moussorgski tient à assurer sa présence. Idem pour les autres grands opérateurs.

Ce sont les libraires qui tiennent donc en main la survie de cette activité dans une phase d’abondance de nouveautés. « C’est la qualité de l’offre qui fera la différence » nous dit un éditeur. Sûr, et il y aura des morts sur le champ de bataille.

L’abondante offre de mangas, en croissance ces vingt dernières années va-t-elle devoir se réduire ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

 
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