BD & Politique(s) belge(s)

Pour la simple raison que la politique est au cœur de toute activité humaine, y compris la bande dessinée ! Même si les rapports qui lient éditeurs, auteurs et lecteurs font souvent partie de la sphère commerciale ou privée, la vie politique fait partie intégrante de la promotion, du soutien et de la crédibilisation de la bande dessinée.

Ainsi, nous aurons l’occasion de traiter des aides financières que les hommes politiques belges peuvent accorder aux auteurs et aux éditeurs, de la reconnaissance du statut des artistes, des liens qui les unit avec les grands festivals et expositions, mais également de la conservation du patrimoine dans un marché des originaux qui explose, et des solutions à proposer aux auteurs et à leur famille pour éviter que des collections complètes ne se dispersent pour payer des droits de succession exorbitants.

Ce sera également la possibilité pour ces élus de nous expliquer leur goût pour la bande dessinée, ce qu’ils y trouvent et en retirent. Si le neuvième art se cache de moins en moins, la discussion avec ces personnages politiques, souvent considérés comme très sérieux, permet une fois de plus d’apporter du crédit à notre littérature, encore couramment snobée ou dénigrée par une certaine presse et un certain public.

Ne nous leurrons pas, les hommes et femmes politiques sont bien entendu plus propices à répondre à nos questions en cette période électorale européenne. Le hasard du calendrier belge fait coïncider ce vote avec les élections régionales, ce qui donne lieu à de passes d’armes assez rudes entre les partis en présence. L’occasion se présentait donc d’aller à leur rencontre, pour les écouter nous parler d’une de leurs passions, et pour connaître leur force de proposition à ce sujet. Ce premier pas nous permettra peut-être d’aborder ensuite les hommes politiques français et pourquoi pas, quelques autres européens.

La politique belge : quel micmac !

Vous n’êtes pas très calé en politique belge ? Nous allons essayer de vous faire un rapide résumé, histoire que vous puissiez replacer quelques éléments dans leur contexte et vous forger votre propre opinion. Les puristes regretteront mes raccourcis, mais nous ne voulons pas donner un cours rébarbatif sur ces institutions fondamentales.

La Belgique est un état fédéral, gouverné par une coalition de partis politiques. Dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle, le roi Albert II interfère peu dans le jeu politique du pays. On y retrouve les trois communautés du pays, et surtout un savant équilibre entre flamands et francophones, qui se livrent depuis quelques mois, comme chacun le sait, un bras de fer communautaire assez tendu.

En plus des élections européennes, les Belges sont invités à choisir leurs parlementaires pour les trois régions du pays : la Flandre, la Wallonie et la région de Bruxelles-Capitale. Les parlementaires wallons élus, ainsi que la majorité de ceux issus de Bruxelles, se retrouveront également à la Communauté Française, entité s’occupant entre autres de la culture, et donc de la BD en particulier. Vous suivez ?

Après ces élections proportionnelles, les différents partis se concertent, et forment des majorités complémentaires, réalisant un ensemble de concessions pour que le programme de chaque parti soit raisonnablement suivi.

Un simple dessin vaut mieux qu’un long discours ..

Dans la partie francophone, quatre grands partis sont en lice, conservant un code couleur assez commune : la droite (bleu) est représentée par le Mouvement Réformateur MR ; la gauche (rouge) répond au nom de Parti Socialiste PS ; les écolos ou parti écologiques sont les verts ; et le centre (orange) s’intitule le Centre Démocrate Humaniste (CDH).

Lors des dernières élections régionales, ces partis ont obtenu respectivement en Wallonie les scores suivants : PS (36,9%), MR (24,2%), CDH (17,6%) et Ecolo (8,5%), formant alors un gouvernement de centre gauche PS-CDH. Pour Bruxelles, les résultats ont été PS (28,7), MR (28%), CDH (12,1%) et Ecolo (8,3%), formant un gouvernement de centre gauche élargi PS-CDH-Ecolo [1].

Quel est le programme ?

Nous avons souhaité réaliser quatre interviews, une pour chacun de ces quatre partis rythmant la vie politique francophone belge. Nous avons porté notre choix sur des personnes bien connues, afin de pouvoir valoriser la position de la bande dessinée, tout en portant bien entendu notre choix sur des hommes politiques qui lisent de la BD.

Nous vous les présenterons dans l’ordre chronologique dans lesquelles elles seront réalisées.

 Pour le Parti Socialiste, le Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale, M Charles Picqué.

 Pour le Mouvement Réformateur, le vice-Premier Ministre fédéral et Ministre des Finances, M Didier Reynders.

 Pour le Centre Démocrate Humaniste, le Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme de la Région wallonne, M Benoît Lutgen.

 Pour Ecolo, leur co-président, M Jean-Michel Javaux.