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BDBoum 30 : les expos

Par Thierry Lemaire le 25 novembre 2013                      Lien  
Quand notre cœur fait Boum, Tout avec lui dit Boum, Et c'est l'amour qui s'éveille, chantait Charles Trénet, un artiste cher au cœur des organisateurs du Festival de Blois. Les portes du 30e BDBoum étant désormais refermées, a-t-on eu la même réaction que le fou chantant en visitant les expositions proposées ?

Après avoir détaillé hier les résultats des différents prix décernés pendant la manifestation, voici donc un panorama des expositions organisées par l’association BDBoum pour le week-end. Comme tous les ans, l’exposition principale était consacrée au Grand Boum de l’année précédente, en l’occurrence Cosey. Un accrochage qu’il fallait peut-être savourer longuement car, restrictions budgétaires du Conseil général obligent, les spectateurs n’auront peut-être pas la chance l’année prochaine de déambuler dans la galerie Expo 41, un vaste espace qui s’étend sur trois niveaux.

BDBoum 30 : les expos
La première salle
Pêle-mêle, quelques lectures de Cosey
Détail d’un kakemono, souvenir de voyage

Nous verrons bien en 2014 si Voyage[s] - Cosey a été un chant du cygne, mais si c’est le cas, le volatile aura particulièrement bien chanté. L’œuvre de Cosey était en effet remarquablement mise en scène par Patrick Gaumer, dont l’intention était de traduire autant les voyages lointains qu’intérieurs du dessinateur suisse. L’harmonie du mélange entre information, présentation et évocation créait ainsi une atmosphère particulière, transcrivant par le choix des matériaux employés et les installations ajoutées, les sensations ressenties à la lecture des albums du natif de Lausanne.

Sur la Loire ou sur le lac Inlé ?
Les photos de voyage
De plus près.
La technique des post-it

Le premier niveau s’attachait à présenter l’étape préparatoire de la création d’une bande dessinée. Inspirations (issues des voyages), lectures, photographies (superbes, une facette un peu moins connue de l’artiste) sur le terrain, technique des post-it pour structurer les idées et le récit. Au niveau inférieur, l’exposition détaillait quelques-uns des nombreux one-shot publiés au Lombard ou dans la collection Aire Libre chez Dupuis. Accrochées sur des portiques en bois, les planches originales de A la recherche de Peter Pan (notamment la couverture, encrée mais pas colorisée), Le voyage en Italie, Zeke raconte des histoires, Saïgon-Hanoï, Une maison de Frank L. Wright et autres histoires d’amour, Le Bouddha d’Azur, dans un format plus grand que les albums, n’attendaitent que le regard attentif et fasciné des visiteurs.

Deuxième niveau
Un visiteur hypnotisé
Le dernier niveau



Enfin, au dernier niveau, le focus était mis évidemment sur Jonathan, avec au milieu de la pièce des installations rappelant les ambiances asiatiques de la série, réalisées avec le concours d’un céramiste blésois. Les cages à oiseaux faisant écho à Celle qui fut, le dernier album en date, mais aussi à Celui qui mène les fleuves à la mer. Une dernière vitrine présentait aux visiteurs les objets emblématiques liés à l’œuvre de Cosey : vinyles cités sur les 4èmes de couverture de Jonathan, véritable petit livre rouge, drapeau tibétain, ouvrages de la beat génération, Tintin au Tibet, vieux exemplaires du Journal de Tintin, etc. Une conclusion ludique pour une exposition qui faisait partager de belles sensations.

La vitrine aux souvenirs
Atom Earth Mother, Tubular Bells et Ricochet en majesté

Les expositions disposant de moins de surface de cimaises ne manquaient pas non plus d’intérêt. Dr. Pinelli et Mr. Joe, consacrée au travail de Joe G. Pinelli, permettait de s’approcher au plus près de l’œuvre exigeante de l’auteur de In a blue hour, Fratelli ou plus récemment Féroces Tropiques. Au premier coup d’œil, le visiteur pouvait se rendre compte de l’originalité des bandes dessinées de Pinelli et de la ligne directrice de son travail au bâton à l’huile sur le noir & blanc, les couleurs et les matières (une fois de plus, la présence d’originaux était la condition sine qua non pour apprécier pleinement les œuvres). La très bonne idée fut de donner la possibilité au visiteur de voir Pinelli en action, en train de réaliser des illustrations grand format sur des feuilles de papier tendues sur les murs. Une belle façon d’être au contact de l’art en marche.

Pinelli en pleine action
Midi moins le quart avant l’autodafé
Détail
Fratelli (Pouy - Pinelli)
Petits formats sur la Grande Guerre
Recherches pour un futur projet intitulé Le naufragé

En ce qui concerne l’exposition Dany, il y avait deux façons de la visiter. En commençant par les planches d’Olivier Rameau ou par celles de ses histoires coquines. Un grand écart qui est la carte de visite du dessinateur de Bernard Prince. Sans surprise, les planches originales témoignaient de son trait remarquable, portant haut l’étendard du dessin comique. Mais la multiplicité des séries et des périodes de publications montrait par l’exemple la variété de styles de Dany, sans sortir du périmètre "comique". La palette technique du dessinateur d’Histoire sans héros lui permettant en effet d’évoluer du dessin très déformé jusqu’à un trait beaucoup plus réaliste. Et c’était tout l’intérêt de cette exposition de mettre à mal l’impression d’homogénéité dans le graphisme de l’artiste.

Transylvania
Projet de couverture
Dany "La bête du Gévaudan" ou Franquin "Idées noires" ?
Equator II - Katale
Bernard Prince - Le piège aux 100 000 dards


Enfin, après Paroles de taulards (1999), Paroles de parloirs (2003), Paroles de sourds (2005), Paroles de tox (2006), Paroles d’illettrisme (2008), Immigrants (2010), est paru début octobre Les gens normaux, un album initié par BDBoum et édité (cette fois) par Casterman dans sa collection Ecritures. Le principe étant à chaque fois le même : une dizaine de témoignages sur le sujet traité, adaptés par un seul scénariste et mis en image par un collectif de dessinateurs. Le résultat : une dizaine d’histoires courtes suivies à chaque fois de quelques pages explicatives. Cette année, les gens normaux en question étaient gays, lesbiens ou transgenres, avec aux manettes Hubert, et au dessin Alexis Dormal, Audrey Spiry, Cyril Pedrosa, Freddy Martin, Freddy Nadolny Poustochkine, Jeromeuh, Merwan, Natacha Sicaud, Simon Hureau, Virginie Augustin et Zanzim. L’exposition présentait quelques planches tirées de l’album.

Cyril Pedrosa
Virginie Augustin
Simon Hureau
Merwan
Natacha Sicaud

(par Thierry Lemaire)

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5 Messages :
  • BDBoum 30 : les expos
    25 novembre 2013 15:11

    Vous avez omis de citer l’expo Laurent Verron dont l’accrochage, délicate attention, était à hauteur des yeux des enfants.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 novembre 2013 à  15:21 :

      Ne vous inquiétez pas. Nous allons en parler.

      Répondre à ce message

  • BDBoum 30 : les expos
    29 novembre 2013 10:57, par Oncle Francois

    D’après vos photos, l’expo Cosey met en scène un amusant hommage à un poème célèbre d’Arthur Rimbaud, mais je vois que personne n’a noté l’allusion....

    Répondre à ce message

    • Répondu le 29 novembre 2013 à  13:29 :

      Tout le monde l’a noté, mais à quoi bon venir faire son intéressant.

      Répondre à ce message

    • Répondu par Thierry Lemaire le 29 novembre 2013 à  14:25 :

      En réalité, le bateau livre en question est surtout un clin d’œil à l’affiche du Festival. Qui elle-même est peut-être un clin d’œil à Arthur Rimbaud, poète que Cosey apprécie.

      Répondre à ce message

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