Babel est dans la droite ligne de cette démarche introspective. Premier volume de la collection Ignatz, produit d’une collaboration entre l’éditeur italien Coconino Press, une sorte d’ « Association » transalpine, et l’éditeur parisien Vertige Graphic, Babel est un récit fait de saynètes révélant un imaginaire à la foi angoissant et apaisé.
Cet ensemble rouge, noir et grisé porte un surréalisme lourd, étouffant parce qu’intimiste. On est dans le registre du cauchemar peuplé de créatures monstrueuses, de bêtes féroces aux dents qui déchirent, de médecins inquiétants... Une longue séquence est consacrée aux enfants biafrais, en relation avec l’actualité télévisée de ces moments résiliés. On revoit ces êtres décharnés et pathétiques... Des images qui alimentent l’anxiété du lecteur. Le récit du poids familial, de la maladie, de la culpabilité qui en découle ne font que se surajouter à une expression largement signifiante. Le frêle jeune homme qui est l’auteur, ou son double, passe ainsi les épreuves. Avec la sérénité troublante et froide de l’analyste. L’art opère ici comme un onguent apaisant. Cathartique : comme dans la tragédie, la douleur se fait spectacle.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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